Le contexte sportif peut être prétexte à exploiter physiquement ou psychiquement les enfants ou les adolescents. C’est ce que l’Association suisse de la protection de l’enfant (ASPE) investigue depuis cinq ans. Elle y a consacré son congrès annuel, qui s’est tenu à Fribourg le 20 novembre dernier, et vient de publier une étude très complète, en français et en allemand, sous le titre «La violence (sexuelle) contre les enfants ou les adolescents dans le contexte du sport ». L’étude est le résultat d’un projet, initié en avril 1999.

Cette enquête est la première en Suisse à tenter de percer le silence qui entoure la violence envers les mineurs dans le sport et à mettre en évidence que des éléments du monde sportif — pouvoir des entraîneurs, rapport de dépendance, violence verbale, etc. — sont autant de facteurs qui peuvent favoriser des dérapages ou attirer des pédophiles. Elle a permis de confirmer l’existence de cas de maltraitance dans le sport et le tabou que cela constitue dans les milieux sportifs. Une minorité seulement des associations sportives contactées par l’ASPE a accepté de collaborer à l’enquête. On ne peut que déplorer que peu d’entre elles reconnaissent l’existence de «dérapages» et soient prêtes à participer à la mise en place d’une politique d’information et de prévention sur le sujet.

L’étude se penche sur les conditions qui encouragent la violence dans le sport. Elle tente de cerner la problématique sous différents aspects: formes de violence (physique, psychique, sexuelle ou structurelle); structure des milieux sportifs qui favorisent la violence; détermination des agresseurs et des victimes «types»; déroulement et gestion des agressions. L’enquête s’appuie sur des témoignages de victimes, issues de disciplines sportives variées, qui permettent de comprendre la réalité vécue par ces enfants ou adolescents et de connaître la réaction des clubs sportifs. Des mesures préventives, qui s’adressent tant aux associations sportives qu’aux milieux scolaires, sont proposées afin de protéger enfants et adolescents. Nous retiendrons:

• l’établissement de directives au niveau des associations et fédérations statuant que les actes de violence ne doivent pas être tolérés, qu’ils doivent être signalés et que leurs auteurs doivent faire l’objet de sanctions (exclusion des associations, etc.);

• la mise en place d’un code de conduite, contenant des règles de comportement très concrètes, destiné à être signé par les éducateurs ou les entraîneurs;

• le contrôle des entraîneurs et de l’entraînement;

• la sensibilisation et l’information, en particulier auprès des parents, concernant leurs droits et ceux de leurs enfants;

• la diffusion d’information sur la violence, les abus sexuels ou autres et les droits de l’enfant en général, comprise dans la formation professionnelle et continue des entraîneurs et éducateurs sportifs.