La publication en juin des résultats d’une étude mandatée par le Fonds national de la recherche scientifique (FNS) a relancé le débat sur les carences dans l’accueil extrafamilial en Suisse. Selon les scientifiques, l’offre d’accueil pour les enfants jusqu’à 4 ans ne couvre que 40% de la demande. Il manquerait 50’000 places. Un chiffre révélateur si on le compare avec l’offre actuelle, de 30’000 places. En outre, un modèle de simulation a permis d’estimer que cette demande augmenterait d’au moins 21% au cours des dix prochaines années.

Pour dégager ces chiffres, l’étude s’est basée sur une enquête menée dans toutes les régions de Suisse auprès de 750 ménages avec enfants en âge préscolaire. Les données récoltées ont également montré quels facteurs étaient déterminants pour la demande de places de crèche. Une augmentation de 10% de revenu fait augmenter de 5,6% la demande. En revanche, un renchérissement de 10% la fait diminuer de 12%. Un âge et un niveau de formation élevés sont aussi des facteurs poussant la demande à la hausse. Les auteurs de l’étude plaident pour un renforcement de l’engagement public en faveur de l’accueil extrafamilial, et pointent du doigt les cantons et les communes qui, malgré l’impulsion financière de la Confédération, n’ont pas apporté le soutien financier et logistique nécessaire.

En 2002 une initiative parlementaire lancée par Jacqueline Fehr (PS/ZH) avait conduit à un programme d’impulsion financière de la Confédération. Prévu sur 8 ans, un premier crédit de 200 millions de francs avait été accordé pour 2003-2007. Destiné exclusivement aux places d’accueil nouvellement créées, ce programme, chapeauté par l’Office fédéral des assurances sociales (OFAS), prévoit des aides visant à encourager des initiatives provenant des collectivités locales ou du privé.

Deux ans et demi plus tard, le constat est désolant: seules 6’145 places d’accueil ont été nouvellement créées, 50% d’entre elles seulement concernent les enfants en âge préscolaire et 70% proviennent d’organisations privées. Le problème semble donc bien résider auprès des cantons et communes. Une évaluation des demandes d’aide, attendue pour la fin de l’année, devrait permettre de comprendre pourquoi le crédit mis à disposition n’est pas davantage utilisé. Il s’agira alors de convaincre le parlement qui devra se prononcer sur la reconduite de ce programme pour la période de 2007 à 2011.