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Défense des enfants international
section suisse
 
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Les sources des articles disponibles dans la recherche sont l'historique des bulletins DEI, la Convention des droits de l'enfant ainsi que certaines publication de DEI.


Entretien avec Anne Dafflon Novelle, co-fondatrice de l'association « Lab-elle »
  
[ Bulletin DEI, September 2010 Band 16 Nr 3 S.11 ]


Les albums illustrés pour enfants véhiculent encore très souvent des clichés sexistes: maman à la maison derrière les fourneaux, papa au travail, les petites filles avec leurs poupées, les garçons jouant au foot. L'existence d'un label attentif à ces questions a attiré notre attention. Nous avons décidé d'en savoir plus et avons rencontré une de ses fondatrices.



Comment vous est venue l’idée de créer un label spécialisé sur ces questions ?


Je suis docteure en psychologie sociale et ai effectué des recherches sur la littérature enfantine qui ont mis en évidence le fait que ces livres abondent encore de clichés sexistes. En 2004, Christine Keim, étudiante en communication visuelle à la Haute école d'art et de design (HEAD) de Genève a pris contact avec moi. Son travail de diplôme en communication visuelle devait porter sur l'engagement des femmes en politique. Les recherches qu’elle a menées à cette occasion lui ont montré que la question des modèles était cruciale. Elle a finalement décidé d'axer son mémoire sur la création d'un label pour la littérature enfantine visant à mettre en avant les potentiels féminins. Suite à ces recherches, le service de communication de l’Université de Genève nous a encouragées à créer ce label.

Comment votre action s’est-elle développée ?


Au départ, l’idée était de mettre sur pied un site et un label. Nous avons eu beaucoup de réactions du public, ce qui nous a poussées à aller plus loin. C’est ainsi que nous avons lancé des projets pour faire vivre le label et toucher plus de monde, comme le prix lab-elle et une exposition.

Le prix lab-elle propose chaque année la même sélection de 10 albums à un jury d’enfants et à un jury d’adultes, en leur demandant d’élire leur livre préféré.



De quelle manière la littérature enfantine a-t-elle évolué au cours des dernières décennies?


Si on examine l’évolution de la littérature enfantine depuis les années 1950, on constate que les stéréotypes liés à la gente féminine n’ont pas beaucoup évolués. Les mères sont dans des rôles de femme à la maison, en charge de l'éducation des enfants et des activités domestiques, et surtout, elles n’ont pas d’activité professionnelle. Lorsque les femmes travaillent, il s’agit de professions dans lesquelles elles sont peu mises en valeur (éducation, soins, vente). Le rôle de l’homme a par contre évolué, on voit désormais les papas également dans des activités parentales dans lesquelles ils ont le beau rôle, en plus de leurs nombreuses et diverses activités professionnelles.


Quelles ont été les réactions des auteurs de livres pour enfants labellisés ?


Les auteurs ne sont pas souvent dans une démarche consciente. Certains ont découvert la thématique à ce moment-là. Nous avons eu des discussions avec des auteurs qui avaient essayé de proposer autre chose, une histoire avec une héroïne par exemple, mais cela leur avait été refusé par les maisons d’édition.

Quel impact a eu votre action auprès des enseignants ou des directeurs de crèches ?


La réaction a été très positive. Le prix lab-elle nous a permis de diffuser l’information très largement dans les écoles, depuis 2007, près de 3000 enfants ont pu choisir leurs livres préférés parmi les livres sélectionnés. Nous avons également été appelés à intervenir dans des formations de professionnels de la petite enfance.

Votre label va malheureusement cesser d’exister, pourquoi ?


Force est de constater que l'égalité ne paie pas. Malgré la demande et le retour positif que nous avons eu sur notre action, le relais au niveau des institutions ne s’est pas fait. Il s’agit d’une thématique au croisement de plusieurs domaines : l’égalité, la culture, l’éducation et le social. En conséquence nos interlocuteurs au sein de l’administration nous renvoyaient à chaque fois à d’autres services. L’Etat agit en aval pour réparer les inégalités, mais le travail de fond qui devrait se faire en amont par une sensibilisation à la construction de l’égalité dès la petite enfance, puisque c’est à cet âge que se forme l’identité sexuée, n’est malheureusement pas pris en compte.

Quel bilan tirez-vous de votre action ?


Nous avons appris beaucoup, sur la gestion de projet et sur les rouages kafkaïens des institutions. Nous estimons également que notre action a atteint sa cible et a eu un réel impact sur les enfants. Le travail que nous avons effectué durant 3 ans n'a pas été vain, 300 livres ont été labellisés, c'est un acquis.

Et l'avenir?


Nous avons l'intention de publier un catalogue des livres labellisés cet automne. Notre projet de labellisation va être repris par le ministère de la communauté française en Belgique. Enfin, l'association ne va pas être dissoute, nous envisageons de lancer un projet sur la socialisation différenciée qui ciblerait le grand public.






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