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Défense des enfants international
section suisse
 
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Vu du Burundi…. par Diane Crittin
  
[ Bulletin DEI, Dezember 11 Band 17 Nr 4 S.4 ]




Le Burundi compte une centaine d’enfants qui, sans être en conflit avec la loi, sont détenus en prison avec leur mère. On les appelle ici « nourrissons », bien que la loi autorise les mères à garder leur enfant jusqu’à l’âge de 3 ans.1 Dans les faits, on trouve régulièrement des enfants âgés de plus de 3 ans en prison.
Cette situation pose de nombreuses questions, qui ne peuvent cependant être appréhendées sans une compréhension approfondie de la culture burundaise et du contexte carcéral du pays.

Premièrement, il faut comprendre l’importance de la maternité pour une femme burundaise.2 Ainsi, malgré le contexte si peu favorable, plusieurs dizaines d’enfants sont conçus et naissent en prison chaque année. Pour la plupart des grossesses, le père est un détenu, voire un policier. Ces unions sont instables, et la majorité des hommes refuse d’assumer leur paternité. Dans la seule prison de Mpimba, la prison centrale de la capitale, on comptait 29 nourrissons en octobre 2011, dont 17 bébés conçus en prison et 19 n’étant pas reconnus par leur père ; en outre, 6 femmes détenues y sont actuellement enceintes.

La situation des enfants, détenus sans être en conflit avec la loi, s’aggrave lorsque ceux-ci atteignent l’âge d’être placés : les foyers d’accueil sont peu nombreux au Burundi, la culture du pays favorisant le placement dans la famille. Or, pour les enfants nés hors d’une union régulière, il est peu probable que la famille accepte de s’en charger, stigmatisant ainsi l’enfant dès son plus jeune âge, compliquant son placement et entravant assurément sa socialisation et son intégration futures. De plus, la loi actuelle sur les successions ne favorise pas l’héritage par les femmes, et la pauvreté est donc un facteur qu’il faut souvent encore ajouter à cette équation.

Finalement, les conditions actuelles de détention des prisons burundaises, malgré des soutiens importants de certaines organisations, ne permettent en aucun cas l’épanouissement de l’enfant : nourriture pauvre et non diversifiée, absence d’activités et de sorties de la prison, promiscuité, brouhaha constant et violence endémique, risque de violences sexuelles, problèmes d’hygiène… Certes, de très nombreuses détenues, lors d’interviews, ont manifesté leur grand désir de garder avec elles leur enfant ou de devenir maman quelles que soient les conditions. Mais doit-on imposer ce désir à d’autres êtres humains ?

Ebauches de solution
En septembre 2011, l’UNICEF a organisé une réunion avec la Direction Générale des Affaires Pénitentiaires du Burundi, les directeurs et commissaires de police pénitentiaire des prisons, ainsi que quelques bailleurs de fonds et partenaires. Plein d’idées ont fusé lors de la réunion :
⁃Prévenir les grossesses en prison : mieux contrôler la séparation des quartiers hommes et femmes des prisons, distribuer gratuitement des préservatifs, informer des risques, créer des espaces intimes au sein des prisons pour que les couples légitimes puissent se rencontrer dans des conditions décentes pendant la détention d’un conjoint…
⁃Améliorer les conditions de détention : créer des structures permettant d’accueillir des femmes mères, incluant des activités pour les nourrissons, des espaces de jeux, des sorties de la prison, accueillir les femmes dans des espaces parfaitement distincts des hommes, former et n’engager que des policières et surveillantes pour la garde des femmes, sensibiliser les magistrats à la cause des mères détenues.
⁃Favoriser le placement du nouveau-né : créer davantage de structures d’accueil, modifier et appliquer la loi pour ne plus trouver de petits enfants en prison.
Le Burundi manque de moyens à investir dans le domaine pénitentiaire, et les partenaires sont souvent réticents à financer les constructions de structures de détention. De plus, le risque existe qu’en favorisant trop les mamans détenues, on crée l’effet pervers de multiplier les naissances en prison. Cependant, et le Burundi semble l’avoir compris, il est temps désormais de s’attaquer aux racines de ce problème.







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