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Défense des enfants international
section suisse
 
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L'intervention précoce
Un concept au service de tous les enfants
Jean-Félix Savary & Olivier Bolomey, Groupement romand d'études des addictions

  
[ Bulletin DEI, März 2012 Band 18 Nr 1 S.I-II-III ]




Vous Ĺ“uvrez professionnellement ou bénévolement auprès des jeunes? Vous vous engagez pour une meilleure cohésion au sein d’un quartier, d’une communauté, d’un établissement scolaire? Parfois vous êtes interpelé par des comportements déroutants de certains jeunes ou certains signaux vous inquiètent? Le concept d’intervention précoce vous apportera des pistes pour conduire vos diverses activités!

Initiées à partir de la fin des années 1990 par différents organismes liés à la prévention, les démarches d’intervention précoce ont pour objectif de mieux cibler les actions de prévention et de répondre aux problèmes là où ils se manifestent, sans attendre que la situation se dégrade. Le concept d’intervention précoce entend impliquer tous les membres de notre société, afin de permettre un développement harmonieux de chacun. Le cĹ“ur de cette démarche est de viser la promotion d’un environnement favorable pour tous, tout en répondant de manière adaptée aux situations individuelles qui demandent une intervention.
Le Groupement romand d’études des addictions (GREA), sur mandat de l’Office fédérale de la santé publique (OFSP), a développé le concept d’intervention précoce dans une brochure. Celle-ci est disponible gratuitement (cf. références en fin d’article) et vise à donner une base conceptuelle à la démarche. Elle donne aussi des expériences pratiques de professionnels de la jeunesse et des spécialistes. En outre, la brochure propose des adresses de structures et des sites internet pouvant guider les personnes interpelées par un jeune présentant une situation de vulnérabilité. Ce travail s’appuie sur les professionnels des domaines sociaux, de la santé, mais aussi de l’éducation, de la justice, etc., afin de fédérer les différents partenaires autour de ce concept. Notre but est de réunir le plus de professionnels possibles autour de cette démarche pour la faire connaître et l’implanter durablement en Suisse romande. Un site internet (www.interventionprecoce.ch) a été ouvert. Il recense de nombreuses expériences romandes et des ressources pour la mise en Ĺ“uvre d’une démarche d’intervention précoce.

UNE DÉMARCHE EN QUATRE PHASES

Les quatre phases de l’intervention précoce (IP) correspondent à la forme d’une pyramide

La phase la plus importante qui concerne l’ensemble d’une communauté, soit la promotion d’un environnement favorable constitue la base de la pyramide, car elle touche le plus grand nombre de personnes. A contrario la phase dite de prise en charge est représentée au sommet de la figure, car elle ne concerne qu’une infime partie des membres d’une communauté. En effet, seuls quelques jeunes posent réellement problème et nécessitent d’être accompagnés par des spécialistes. Le concept d’IP, tout en se basant sur le repérage des jeunes en situation de vulnérabilité, souhaite s’adresser à tous les membres d’une communauté donnée (établissement scolaire, quartier, etc.), sans les stigmatiser.
L’IP se décline en quatre phases distinctes. La première, qui est la plus importante car elle s’adresse au plus grand nombre, est la promotion d’un environnement favorable. Ensuite, dans cet environnement, il peut y avoir des personnes qui interpellent un membre de la communauté, nous entrons donc dans la phase dite du repérage. A la suite de ce repérage, une évaluation peut être faite et au besoin un accompagnement adapté (une prise en charge) peut être mis en place (phases 3 et 4).

La promotion d’un environnement favorable

Dans un projet se basant sur le concept d’intervention précoce, il est nécessaire que tous les acteurs d’un lieu donné s’associent pour pro- mouvoir un environnement
qui aide les jeunes à trouver leur place dans la société. Il existe une multitude d’actions qui peuvent participer à cet objectif, mais c’est avant tout une posture générale de la société qui favorise les conditions cadres du développement. Cela passe par des actions communautaires concrètes, comme par exemple:

– L’ouverture d’un centre de loisirs dans un village ou dans un quartier à destination de tous les jeunes ce qui leur permet d’être encadré par des professionnels et si le besoin s’en fait sentir de parler de leurs préoccupations ;
– La mise en Ĺ“uvre dans les écoles de projets axés sur la promotion de la santé au sens large, à la place de projets ciblés sur un problème unique ou une addiction (exemples : évoquer l’alimentation équilibrée avec tous les élèves, au lieu de ne parler que de l’anorexie / mener un projet en lien avec le sommeil au lieu de n’évoquer que la problématique du manque d’heures de sommeil liés à une surutilisation de jeux vidéo) ;
– La mise sur pied de rencontres entre parents et professionnels, afin d’échanger sur des problématiques concernant des situations familiales conflictuelles ou d’évoquer certaines préoccupations ;
– Dans différents milieux (scolaire, associatif, etc.) mener des projets développant l’estime de soi qui permettront de renforcer les facteurs de protection des jeunes ;
– La mise en réseau des acteurs et des professionnels encadrant les jeunes (enseignants, direction d’école, municipaux, policiers, travailleurs sociaux hors murs, animateurs, responsables de sociétés locales, entraineurs, etc.).

Le repérage des situations de vulnérabilité

Le repérage ne consiste pas à poser un diagnostic précis de la situation. Le repérage serait plutôt une observation débouchant sur une interrogation et une discussion. Il s’agit de faire quelque chose avec une situation qui nous questionne. A l’opposé du « dépistage », ou le but est d’isoler un groupe particulier par des critères objectifs, le repérage s’intéresse à l’humain et vise à développer avec le jeune une relation qui englobe les questionnements que
l’on peut se poser sur son comportement. Parfois, l’on peut se faire du souci pour quelqu’un et après discussion avec lui, les choses s’éclaircissent. Si la situation ne s’améliore pas, il faut alors guider le jeune vers une structure spécialisée ou faire appel à un spécialiste pour partager nos préoccupations. Le repérage vise à régler les problèmes qui peuvent l’être à ce niveau, ou alors à préparer le jeune pour se soumettre à une évaluation plus globale, qui est la phase suivante.

Les signes suivants devraient amener les personnes entourant un jeune à se questionner:
– Dans le cadre scolaire: baisse des résultats, sieste en classe, absentéisme, violence, baisse de l’estime de soi;
– Dans le cadre des centres d’animation: violence envers soi ou envers les autres, isolement, arrêt brutal de la fréquentation du lieu;
– Dans le cadre de sociétés locales: violence, rejet de l’autorité de l’entraineur, absentéisme, arrêt des entrainements.

En outre, le fait que le jeune puisse avoir des signes d’alcoolémie ou de consommations fréquentes d’autres substances peut aussi constituer une alarme pour l’entourage. De plus, le jeune qui se couperait du monde, notamment en compensant avec des médias électroniques, peut constituer aussi un signe d’inquiétude.

L’évaluation

A la suite des interrogations survenues dans la phase du repérage, intervient la phase de l’évaluation. Il s’agit là de faire une investigation plus en profondeur du jeune et qui doit être confiée à un spécialiste des adolescents. En s’appuyant sur les observations de l’entourage du jeune en situation de vulnérabilité, le spécialiste déterminera, notamment à l’aide d’entretiens ou d’outils d’évaluation adéquats, s’il faut donner suite aux inquiétudes ou non.
L’évaluation devrait se dérouler selon les conditions suivantes:
– Travailler en équipe pluridisciplinaire, afin d’investiguer de multiples dimensions (psychiques, comportementales, environnementales, etc.);
– Pouvoir garantir un accompagnement adéquat si celui-ci est nécessaire;
– Intégrer les proches;
– Protéger la sphère privée du jeune en situation de vulnérabilité;
– Définir clairement les rôles entre les différents partenaires.

Si l’évaluation confirme les premières inquiétudes, un accompagnement est proposé au jeune.

La prise en charge

Cette dernière phase, qui concerne une minorité des personnes qui nous ont interpelés, est bien entendu effectuée par des spécialistes. Nos réflexions et observations nous amènent à privilégier une pluralité des intervenants aux formations variées. Selon la situation, ce sont des médecins, psychiatres, psychologues, travailleurs sociaux, éducateurs, coachs personnels, ou autres qui sont appelés à intervenir et à travailler avec le jeune en situation de vulnérabilité, afin de lui assurer un accompagnement adéquat personnalisé qui permettra de sortir des difficultés.

La collaboration: un gage de réussite

Comme le démontre la présentation des différentes phases de l’intervention précoce, de nombreuses collaborations sont nécessaires tout au long de la démarche. En effet, les acteurs concernés sont multiples. Premièrement, à l’intérieur d’une même phase, puis entre les phases. Pour simplifier, nous pouvons catégoriser les différents intervenants. Pour les phases 1 et 2, ce sont les professionnels et la communauté entourant les jeunes qui sont concernés. Pour les phases 3 et 4, ce sont les spécialistes.

En guise de conclusion

Innovantes, s’adressant au plus grand nombre, les démarches basées sur l’intervention précoce doivent partir de la volonté collective d’une communauté. En effet, c’est au plus grand nombre de veiller à l’équilibre de chacun et ce dans un esprit de collaboration avec les différents professionnels entourant les jeunes, les familles et les spécialistes.

Références et ressources

- Pour des exemples concrets de projets:
www.interventionprecoce.ch
- Pour une présentation plus détaillée de la démarche:
Al Kurdi, Ch., Carasco, K. & Savary, J.-F. (2010).
Intervention précoce: accompagner les jeunes en situation de vulnérabilité. Brochure éditée par le GREA







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