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Défense des enfants international
section suisse
 
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Les sources des articles disponibles dans la recherche sont l'historique des bulletins DEI, la Convention des droits de l'enfant ainsi que certaines publication de DEI.


Interview Terrie Moffitt
  
[ Bulletin DEI, Juni 2014 Band 20 Nr 1 S.14 ]




Mme. Terrie Moffitt est professeur à l’Université Nannerl Keohane, à l’Université de Duke aux États-Unis, et elle est aussi professeur à l’Institut de psychiatrie au King's College à Londres, au Royaume-Uni.
Elle s’intéresse au comportement antisocial, violent et criminel, et son travail se concentre particulièrement sur le développement humain. Elle étudie la dépression, la psychose et la toxicomanie chez les délinquants. Son expertise nous éclaire sur le comportement problématique des personnes qui ont des démêlés avec la justice, sur leur état de santé et leur situation sociale.
Mme Moffitt distingue deux types différents de délinquants, les précoces et les retardataires, et décrit leurs modèles de vie, qui sont les principales causes de leurs problèmes avec le système pénal. Finalement, elle nous présente un nouveau domaine, la criminologie développementale, qui est une branche du département de criminologie.
A la tête de nombreuses recherches et études, elle a reçu de nombreuses distinctions et prix prestigieux
D'après vos recherches sur la taxonomie de développement, pourriez-vous décrire brièvement votre théorie sur les délinquants précoces et retardataires ?
Je vais résumer 15 ans de recherches par une étude sur la taxonomie du développement de comportements antisociaux qui proposait deux prototypes hypothétiques principaux: les récidivistes chroniques tout au long de leur vie et les délinquants qui ne l'ont été que pendant l'adolescence. Selon cette taxonomie, le comportement antisocial des récidivistes chroniques a pour origine les processus neuro-développementaux : cela commence dès l'enfance et se poursuit par la suite au milieu de leur vie. En revanche, le comportement antisocial des délinquants qui ne l'ont été que pendant l'adolescence tirent ses origines des processus sociaux : cela commence à l'adolescence et cesse quand ils atteignent l'âge adulte. Selon cette théorie, les individus antisociaux tout au long de leur vie sont peu nombreux, et leur comportement est persistant et compulsif. Les individus antisociaux dont la délinquance est limitée à adolescence sont communs, et leur comportement est relativement transitoire, presque normatif.
En bref, nous avons suggéré que les comportements antisociaux persistant tout au long de la vie naissent très tôt, alors que le comportement difficile d'un jeune enfant à haut risque est aggravé par un environnement social dangereux. Selon la théorie, le risque pour l'enfant est dû à des variations neuropsychologiques héréditaires ou acquises, qui se manifestent d'abord comme des déficits cognitifs subtils, un tempérament difficile, ou une hyperactivité. Le risque environnemental comprend des facteurs tels que des comportements parentaux inadéquats, les mauvais traitements, les liens familiaux coupés et la pauvreté. Les risques environnementaux s'étendent au-delà de la famille alors que l'enfant grandit, en incluant de mauvaises relations, par exemple avec ses pairs et les enseignants. Les occasions d'acquérir des compétences prosociales sont perdues. Au cours des vingt premières années de développement, les échanges entre l'individu et l'environnement conduisent progressivement à des troubles de la personnalité, avec comme caractéristiques marquantes l’agression physique et le comportement antisocial persistant jusqu'au milieu de la vie. La théorie prédit que le comportement antisocial va s'infiltrer dans plusieurs domaines de la vie adulte: les activités illégales, les problèmes d’emploi et la victimisation des partenaires intimes et des enfants. Cette infiltration diminue la possibilité de se réformer.
En revanche, nous avons suggéré que le comportement antisocial limité à l'adolescence apparaît quand commence la puberté, quand des adolescents par ailleurs ordinaires et en bonne santé ressentent un inconfort psychologique pendant les années entre leur maturation biologique et leur accès à des privilèges adultes et aux responsabilités, une période que nous avons appelée « intervalle de maturité ». Ils se sentent insatisfaits par rapport à leur statut de dépendance en tant qu'enfant, et sont impatients de connaître ce qu'ils pensent être les droits et privilèges de l'âge adulte. Alors que les jeunes sont dans cet « intervalle », il est presque normal pour eux de trouver un côté attirant à la délinquance et à la reproduire, comme un moyen de démontrer leur autonomie face à leurs parents, de s'affilier avec des pairs et d'accélérer leur maturation sociale. Toutefois, parce que le développement de la pré délinquance est normal, la plupart des délinquants adolescents sont capables de renoncer à la criminalité quand ils vieillissent et assument leur rôle d'adultes, en revenant progressivement à une vie plus conventionnelle. Ce redressement pourrait être retardé si les activités antisociales des délinquants adolescents entraînent les facteurs que nous avons appelés «pièges», comme un casier judiciaire, l'incarcération, la toxicomanie ou une éducation inachevée, sans qualification. Ces pièges peuvent compromettre la capacité à réussir la transition vers l'âge adulte.
Nos propres enquêtes sur cette taxonomie ont été menées principalement dans le cadre de l'étude pluridisciplinaire sur la santé et le développement de Dunedin, une étude longitudinale d'une cohorte de naissance de 1000 Néo-Zélandais qui s'étale sur 40 ans. Les résultats de Dunedin sont généralement conformes à ceux rapportés par d'autres échantillons de 8 pays et de plusieurs États des Etats-Unis, mais il faut dire que toutes les études n'ont pas pris en compte la taxonomie.
L'année dernière, l'American Society of Criminology a créé de nouveaux départements. L'un d'eux concerne la criminologie développementale, qui est une nouvelle branche de la criminologie.
Pourriez-vous s'il vous plaît nous en dire plus sur cette branche et sur ce département de criminologie développementale et du parcours de vie ?
Je suis particulièrement excitée au sujet de l'avenir de la criminologie développementale et du parcours de vie. Un peu d'histoire vous expliquera pourquoi. La criminologie développementale et du parcours de vie est encore à ses débuts, pratiquement un bébé, si nous la comparons à d'autres champs des sciences du comportement. Aujourd'hui, pratiquement tous les manuels de criminologie et les anthologies des théories de la criminalité consacrent une section entière aux approches développementales ou des parcours de vie. Les étudiants peuvent être pardonnés s'ils ont tenu cette hégémonie pour acquise. Mais l'étude développementale et des parcours de vie n'a pas toujours été omniprésente en criminologie, elle était plutôt marginale avant les années 1980. J'ai revu les tables des matières et les index des manuels les plus populaires sur la criminalité et la délinquance d'il y a 25 ans. J'y ai trouvé à peine une mention des parcours de vie, du développement, ou de tout autres synonymes.
De nombreuses études depuis 1950 ont permis de faire surgir des nouvelles idées importées de la psychologie du développement et de la sociologie du parcours de vie, enrichissant ainsi la base théorique du domaine d'étude. Ensuite, de nouveaux outils et techniques méthodologiques sont apparus pour tirer le maximum des données sur le développement du parcours de vie.
Au début du siècle, la criminologie développementale et des parcours de vie a pris une dimension mondiale. Une autre réussite est que, tout comme pour le reste de la criminologie, les criminologues développementaux et des parcours de vie pratiquent des essais expérimentaux de leurs approches en matière de prévention de la criminalité, à l'aide d'essais randomisés. Cette avancée a été illustrée dans le livre David Olds and the Nurse Home-Visiting Program (2006). La criminologie des parcours de vie et du développement a maintenant fait sa marque; comme le prouve en 2011 Ellen Cohn, en signalant que huit des douze criminologues les plus fréquemment cités, sont maintenant criminologues du parcours de vie du développement. Maintenant, en se basant sur un solide fondement théorique et empirique, cette nouvelle science qui se penche sur le développement humain et qui vise à comprendre et à prévenir la criminalité est prête à faire de très grandes découvertes. La prévention et la répression du crime sont essentielles pour améliorer le développement humain de tous, partout dans le monde.
Selon une recherche nationale, quels principes devraient être suivis afin de réduire et de prévenir la délinquance juvénile ?
Au cours des 15 dernières années, notre taxonomie a été utilisée pour améliorer la classification des groupes thématiques pour la recherche, et afin de concentrer la recherche dans le domaine de la personnalité antisociale et la violence sur les variables causales les plus prometteuses. Elle a également été utilisée pour guider la planification des interventions. Par exemple, la prévention des modes vie antisociaux persistant tout au long de la vie requiert des interventions dès l'enfance dans la famille, alors que la prévention des crimes commis seulement à l'adolescence nécessite des traitements individuels au cours de l'adolescence pour contrer l'influence des pairs (au lieu des traitements de groupe qui facilitent l'influence des pairs). Comme autre exemple, nous avons fait valoir que le système de justice pour mineurs devrait identifier les délinquants qui ne le sont que pendant l'adolescence et de leur donner l’occasion de se réformer. Nous avons également fait valoir qu’abandonner les délinquants chroniques à des tribunaux pour adultes est une pratique peu adéquate, parce que les déficits cognitifs typiques de ces délinquants les rendent peu probables de satisfaire les critères juridiques quant à leur aptitude à subir un procès.










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