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Défense des enfants international
section suisse
 
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Les sources des articles disponibles dans la recherche sont l'historique des bulletins DEI, la Convention des droits de l'enfant ainsi que certaines publication de DEI.


LA PARTICIPATION DEMOCRATIQUE DES ENFANTS

Jean Le Gal

  
[ Bulletin DEI, März 2015 Band 21 Nr 1 I-II ]



Docteur en sciences de l’éducation. Chargé de mission « Participation démocratique » de DEI-France. Responsable des droits de l’enfant de la FIMEM (Fédération Internationale des Mouvements d’Ecole Moderne)


La participation démocratique des enfants une pratique novatrice d’éducateurs engagés

Dès le début du 20e siècle, des éducateurs de l’Ecole nouvelle et de l’Ecole socialiste ont créé des communautés dans lesquelles les enfants pouvaient exercer des droits et des libertés, donner leur avis sur l’organisation de la vie sociale, sur les activités et sur les apprentissages et participer aux décisions avec les adultes.
Célestin Freinet, dès sa nomination d’instituteur, en 1920, dans la petite école de Bar-Sur-Loup, s’informe sur ces expériences novatrices fondées sur l’auto-organisation des enfants et leur coopération avec les adultes. Pour lui, « Par la coopération scolaire, ce sont les enfants qui prennent en main, effectivement, l’organisation de l’activité, du travail et de la vie dans leur école. C’est cela et cela seul qui importe ». Ce principe demeure un des fondements des recherches et des actions menées par les éducateurs de l’Ecole Moderne. Pour eux, c’est le groupe qui, après les avoir expérimentés, décide des techniques, des formes de travail, du rythme ; qui élabore et applique son programme d’activités ; qui crée ses institutions, ses lois et règle ses conflits.
Mais tous ces droits et pouvoirs reconnus aux enfants demeuraient dépendants des convictions éducatives, sociales et politiques des éducateurs et de leurs capacités de résistance aux oppositions diverses. Leurs choix théoriques et leurs pratiques allaient à l’encontre des représentations dominantes de l’enfant et de son éducation.
C’est pourquoi, tout comme Janusz Korczak en Pologne, Célestin Freinet et le Mouvement de l’Ecole Moderne, ont mené des actions pour que ces droits et libertés soient reconnus dans les normes juridiques internationales. Pour eux, l’enfant n’est pas seulement un être en construction avec sa fragilité et ses dépendances, un être à protéger, mais un sujet actif des droits de l’Homme, un individu pouvant être acteur de sa vie, capable de participer aux décisions qui le concernent, apte à exercer des libertés, à poser des actes avec discernement et à en assumer la responsabilité.
En 1957, lors de son Congrès international à Nantes, l’Ecole Moderne adopte une Charte de l’enfant qu’elle fait parvenir aux Nations Unies engagées dans l’élaboration d’une Déclaration des droits de l’enfant. L’article 15 stipule que « Les enfants ont le droit de s’organiser démocratiquement pour le respect de leurs droits et la défense de leurs intérêts. ».
Mais il faudra attendre le 20 novembre 1989, pour qu’enfin la Convention internationale des droits de l’enfant lui reconnaisse des droits-libertés et légitime les pratiques démocratiques mises en Ĺ“uvre, depuis près d’un siècle, par des éducateurs novateurs.
La participation démocratique des enfants, un droit reconnu par la Convention internationale des droits de l’enfant

Les enfants sont désormais des personnes dont la dignité doit être respectée et des citoyens titulaires de libertés, du droit de donner leur avis sur les affaires qui les concernent et d’être associés au processus décisionnel, en fonction de l’évolution de leurs capacités. C’est ce que nous appelons le droit de participation démocratique.
Cette reconnaissance de la citoyenneté de l’enfant s’appuie sur l’article 12 qui est l’un des principes de base au cĹ“ur de la Convention.
Dans les institutions éducatives mais aussi dans la cité et dans la famille, les enfants ont :
1 le droit d’exprimer librement leurs opinions
Il revient aux enseignants, aux animateurs, aux élus politiques, aux parents, la responsabilité de leur donner les moyens d’exprimer leur avis sur tous les sujets, actions et décisions qui les concernent.
2 le droit d’être pris au sérieux
Leurs opinions, leurs avis et leurs propositions doivent être pris en considération. Leur participation doit déboucher sur des changements positifs pour eux.
3 le droit d’être associés aux décisions
Pour l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, « le processus de partage des décisions qui concernent la vie de l’individu et celle de la collectivité dans laquelle il vit est un des moyens de construire et de mesurer la démocratie dans un pays; la participation est un droit fondamental du citoyen et les enfants sont des citoyens ».
Cette participation des enfants exige, pour l’UNICEF, « que les adultes partagent avec eux la gestion, le pouvoir, la prise de décision et l’information. », celle-ci devant être adaptée à leur niveau particulier de développement intellectuel. Elle passe « par un changement radical des modes de réflexion et de comportement des adultes ».
C’est donc à une véritable mutation historique de la place des enfants dans la société et des rapports que les adultes doivent entretenir avec eux, que nous sommes conviés. Les résistances sont nombreuses, car on ne passe pas soudainement par la vertu d’un texte international, de l’enfant soumis à l’enfant citoyen.
La reconnaissance de la capacité des enfants, même très jeunes, à exprimer des avis pertinents sur ce qui les concerne, à prendre individuellement et collectivement des décisions judicieuses, à assumer des responsabilités et à exercer des droits et des libertés, est donc fondamentale. Freinet, en juin 1939, dans un article « L’école au service de l’idéal démocratique . n’hésitait pas à affirmer : « Nous disons, nous : l’enfant- et l’homme- sont capables d’organiser eux-mêmes leur vie et leur travail pour l’avantage maximum de tous ».
C’est un principe fondamental tant pour la participation démocratique des enfants dans les structures qui les accueillent que dans les expériences de démocratie participative initiées par les villes.
Mais plus de 20 ans après l’adoption et la ratification de la Convention, ce droit de participation démocratique est grandement ignoré tout comme les expériences menées. C’est
pourquoi, en France, l’Etat s’est fait rappeler plusieurs fois à ses obligations par le Comité des Droits de l’Enfant des Nations Unies.
En 2004, il lui a recommandé de « continuer à promouvoir le respect des opinions de l’enfant au sein de la famille, à l’école, dans les institutions ainsi que dans le cadre des procédures disciplinaires administratives, et à faciliter la participation des enfants pour toutes questions l’intéressant, conformément à l’article 12 de la Convention, en tant que droit dont l’enfant est informé et non à titre de simple possibilité ». Pour que ce droit puisse réellement s’exercer, l’Etat doit « donner aux parents, aux enseignants, aux fonctionnaires, aux membres du corps judiciaire, aux enfants eux-mêmes et à la société dans son ensemble des informations à caractère pédagogique sur cette question en vue de créer et d’entretenir un environnement dans lequel les enfants puissent librement exprimer leurs opinions, et oĂą ces opinions soient dûment prises en considération »
Lorsque l’Etat ne remplit pas ses obligations, il revient aux militants des droits de l’enfant de renforcer leur action. C’est pourquoi, dans le cadre de la Fédération internationale des Mouvements d’Ecole Moderne, j’ai redéfini ce que devait être l’engagement éducatif, pédagogique, social et politique des éducateurs Freinet pour la défense des droits de l’enfant et pour une démocratie participative :
1. Développer la participation démocratique dans la classe et dans l’école.
L’auto-organisation des enfants dans la classe et dans l’école doit demeurer un objectif d’action et de recherche. De nombreuses questions se posent. Pour y répondre, théoriquement et pratiquement, ils doivent continuer à analyser leurs expériences actuelles et tenter des expérimentations nouvelles mutualisées au sein de réseaux coopératifs de recherche. Mais on ne peut instituer une éducation démocratique à l’école sans se soucier de la place de l’enfant dans sa famille. C’est ainsi qu’avec des parents de l’Ecole Freinet de Nantes, nous avons créé des ateliers de démocratie familiale.
2. Elaborer une formation citoyenne, démocratique et institutionnelle
Il revient, aujourd’hui, aux éducateurs d’informer les enfants que les pratiques démocratiques qu’ils leur proposent sont la concrétisation de droits et de libertés reconnus par la Convention internationale. Une formation citoyenne et démocratique doit non seulement apprendre aux enfants à exercer des libertés, en respectant des limites et des obligations, à participer au processus décisionnel, à assumer des responsabilités, mais aussi à défendre leurs droits dans d’autres lieux de la société.
3. S’associer aux actions mises en place par les villes et les autres associations défendant les droits de l’enfant
La « Charte-agenda mondiale des droits de l’Homme dans la cité », stipule que la cité devrait promouvoir la participation des enfants dans les affaires qui les concernent. Or l’analyse des avancées expérientielles vers une démocratie participative montre que la place accordée aux enfants demeure souvent minime. Il revient donc aux éducateurs engagés dans des expériences de participation dans et/ou hors de l’école, d’informer et de convaincre les décideurs que la participation des enfants et des jeunes est légitime et qu’ils ont la capacité à participer au processus décisionnel quand des projets les concernent.
En conclusion,

Nous sommes dans un champ d’action novatrice, oĂą, même si les expériences datent de plus d’un siècle, presque tout reste à construire. La participation démocratique des enfants est possible. Mais chacun doit être conscient que s’engager, avec eux, dans un processus de transformation relationnelle, institutionnelle, éducative et pédagogique, ne va pas sans problèmes. Vouloir changer la relation éducative, le rapport enfant/adulte, c’est aussi se changer soi-même. Etre à l’écoute des enfants, respecter leur personne, leurs droits et les règles de vie de la collectivité, partager son pouvoir, mais rester le gardien vigilant des décisions, mettre en place une nouvelle organisation des activités et résister aux oppositions diverses, impliquent parfois une véritable mutation.

Pour plus d’informations sur les pratiques participatives

. LE GAL Jean, Les droits de l’enfant à l’école. Pour une éducation à la citoyenneté, Bruxelles, Editions De Boeck, 2008, 1ère édition.2002.
. LE GAL Jean, Pour une démocratie participative : la participation des enfants et des jeunes, 2012, http://www.icem-pedagogie-freinet.org/node/29580
. LE GAL Jean, La participation démocratique des enfants dans les institutions éducatives, 2014. http://www.fimem-freinet.org/fr/node/1665







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