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Défense des enfants international
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Violence des jeunes
  
[ Bulletin DEI, décembre 1998 Vol 4 No 4 p. 6, 7 ]

Par Marie-Françoise Lücker-Babel


UN RAPPORT DE LA COMMISSION FEDERALE POUR LA JEUNESSE


En 1980 déjà, la Commission fédérale pour la jeunesse (CFJ) avait fait rapport sur les manifestations de jeunes et énoncé des recommandations à l’intention du monde politique. En 1998, sous un titre interrogateur, elle a cherché à donner réponse à une question plus angoissante: celle de la violence des jeunes entre eux, envers les personnes et envers les objets.


Dans un premier temps, la CFJ constate que la violence est une constante de l’histoire de l’humanité et qu’elle n’est pas l’apanage du monde juvénile. Elle prône donc une «approche différenciée» et aborde les idées que l’on se fait de la jeunesse, des rôles des garçons et des filles, des jeunes Suis- ses et des étrangers face à la violence et la responsabilité des médias.


SIX THESES SUR LA VIOLENCE


La Commission met en garde contre l’équation «violence = problème juvénile» et développe quelques thèses. Les trois premières touchent le monde des adultes (en tant que politiciens, ténors de l’économie ou personnes). Celui-ci tend à marginaliser les jeunes, à les considérer seulement comme des personnes en devenir, plutôt que comme des «acteurs à part entière qui — à l’instar des membres intégrés à la société — développent des comportements et des stratégies d’adaptation» (p. 15). L’économie se plaint de la violence des jeunes, mais nie la violence inhérente au libéralisme économique et à la marginalisation, à l’exclusion, aux inégalités. Les adultes en général évitent de réfléchir aux valeurs qu’ils transmettent à la jeune génération; ils ne voient la violence des enfants et des jeunes comme un miroir grossissant qui reflète le monde des adultes.

Ces discours ont une influence sur les institutions socio-éducatives, dont découlent trois autres thèses. Les lieux de loisirs suscitent la crainte et leurs responsables sont eux-mêmes impuissants face à la violence; l’école est sous le feu des projecteurs mais «se dispense d’une réflexion sur son organisation et la façon dont elle remplit sa mission»; la famille reste soumise à de multiples contraintes et tiraillements entre «attentes, aspirations, projets et réalité» (p. 18).


LES RECOMMANDATIONS POLITIQUES


Le leitmotiv de ces recommandations a trait à la participation des jeunes, c’est-à-dire à leur intégration dans les phases de discussion et de décision, en d’autres termes au dialogue.

• Les enfants et les jeunes doivent être associés aux processus de décision dans les écoles et les plus grands aux processus de décision dans les entreprises.

• Le monde politique doit davantage tenir compte du potentiel des enfants et des jeunes étrangers, faciliter la naturalisation et octroyer le droit de vote aux étrangers.

• Les organisations d’animation socioculturelle doivent dialoguer en permanence avec les milieux politiques et économiques.

D’autres recommandations touchent l’approfondissement du discours sur la violence juvénile, l’introduction de l’assurance-maternité et la compensation financière des tâches éducatives, le lancement d’un programme national de recherche sur la jeunesse et le dialogue entre les mondes politique et économique de sorte à éviter les phénomènes d’exclusion.


EN PARFAITE SUBJECTIVITE . . .


Ce rapport est important pour comprendre la violence des jeunes en tant que partie de la violence inhérente à toute société. Toute violence doit être non seulement comprise mais prise au sérieux. Cela est nécessaire, qu’elle explose individuellement ou en groupe et cause des dégâts aux biens ou aux personnes. Car, aux dégâts purement matériels, s’ajoutent des conséquences graves à moyen terme telles que la dégradation de l’image de la jeunesse et la perte de confiance, voire la critique acerbe envers les institutions chargées d’encadrer cette même jeunesse (écoles, centres de loisirs, animation culturelle). Le sentiment d’exclusion de la jeunesse, qu’il soit réel ou ressenti, doit aussi être étudié. Il ne suffit pas que l’exclusion soit visible pour qu’elle déploie des effets pernicieux, et il n’y pas que les «cogneurs» et les «souffre-douleur» qui souffrent.

L’impression de ne pas appartenir au milieu dans lequel on vit semble faire des ravages, quelles que soient sa motivation et la légitimité de cette motivation: raisons économiques, culturelles ou sociales, un réel manque de revenus ou «simplement» la perception de ne pas atteindre un idéal de consommation vanté par la publicité. Le décalage entre la vie réelle et la vie que l’on souhaiterait mener existe; ne faudrait-il pas voir comment le réduire en agissant à la fois sur le manque de ressources et sur le trop-plein de rêves?

L’appel à une plus grande participation des jeunes est aussi nécessaire, mais il ne présente rien de neuf, il est dans l’air du temps depuis longtemps. Il n’énonce qu’un moyen et pas un but. On regrettera le manque d’inventivité du rapport quant à ce dernier aspect; il n’ébauche pas même quelques pistes nouvelles destinées à réaliser «la prise en compte du potentiel des jeunes » (p. 19). Qu’en est-il des jeunes qui n’ont pas envie de participer, à l’image des adultes qui pratiquent un taux régulier d’abstention civique de 50% au moins? Que penser d’une «éducation à la vie» des jeunes et de la société familiale, civile et économique, une éducation qui mènerait à la réduction de certains écueils et à la compréhension des obstacles?

L’occasion aurait dû être saisie de formuler aussi quelques recommandations relatives aux moyens pour les jeunes eux-mêmes de mieux prendre leur vie et celle de leurs enfants en mains; ils sont non seulement «jeunes» mais aussi, pour bon nombre d’entre eux, adultes majeurs et parents d’aujourd’hui et de demain. Les autorités politiques et économiques gagneraient à entendre quelles valeurs concrètes ils souhaiteraient transmettre à la génération qui va les suivre et qu’ils vont éduquer, et quelle aide ils attendent sur ce chemin.

Les jeunes: cogneurs ou souffredouleur? Rapport de la Commission fédérale de la jeunesse, Berne, août 1998.

Prügeljugend — Opfer oder Täter? Bericht der Eidgenössischen Kommission für Jugendfragen, Bern, August 1998.






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