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Défense des enfants international
section suisse
 
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Les sources des articles disponibles dans la recherche sont l'historique des bulletins DEI, la Convention des droits de l'enfant ainsi que certaines publication de DEI.


Impressions et bilan du Congrès de Yokohama
  
[ Bulletin DEI, décembre 2001 Vol 7 No 4 p. 10, 11 ]

A leur retour de Yokohama, nous avons recueilli les impressions de Barbara Fontana, Katrin Hartmann et Hélène Sackstein sur le déroulement du Congrès et sur ses résultats. Si elles s’accordent toutes trois à souligner leur satisfaction face aux travaux du Congrès, leur évaluation du document final est plus mitigée et leurs appréciations face à l’élargissement de la problématique divergent.


Hélène Sackstein, Focal Point sur l’exploitation sexuelle:



Peu d’ONG étaient enthousiasmées par la perspective d’un 2e Congrès Mondial contre l’Exploitation Sexuelle des Enfants «à fins Commerciales», juste avant Noël, dans l’un des pays les plus chers de la planète à la suite d’une longue série d’événements internationaux couronnés de succès mitigés ou repoussés suite aux cataclysmes que nous connaissons tous.

A cause de cette multitude de réserves, notre première impression, au retour, est que, somme toute, les résultats de cet événement-là furent plutôt positifs.

Certes, le document final est bien banal. Mais c’est généralement le sort de documents «consensuels» de ce genre. Il a toutefois réussi à ménager les positions françaises et américaines sans reculer sur le fond. Il fait clairement référence à la Convention relative aux Droits de l’Enfant, parle tout aussi clairement d’exploitation sexuelle au sens plus large que le Premier Congrès, met un accent timide sur les besoins de mieux examiner les «causes profondes» du phénomène et sur le principe de la non-criminalisation des victimes qui était souvent ignoré par les législations nationales. Son importance, toutefois, réside plus dans le processus préparatoire que dans sa finalité. Surtout celui qui fut amorcé par le Groupe des ONG

(NDLR: dont fait partie le Focal Point) qui a, il y a au moins un an, misé sur la mobilisation de ses partenaires régionaux et nationaux — qui sont en première ligne — afin de les encourager à identifier leurs priorités, à élaborer des stratégies appropriées à leur contexte socioculturel spécifique et à renforcer les réseaux multidisciplinaires et multisectoriels.

Le succès de cette démarche a été amplement confirmé par la qualité des ateliers (plus de cent), le niveau de leur fréquentation et les commentaires des participants à la sortie («j’ai beaucoup appris»; «j’ai établi des liens pour mettre en place des réseaux d’échanges dans ma région», etc.).

Ce sont précisément ces ateliers qui ont justifié l’énergie dépensée et les frais engagés par les ONG. C’est eux qui serviront de baromètre pour évaluer le suivi de ce 2e Congrès.

Si ce suivi permet de renforcer — sur le plan régional et national — les priorités, s’il permet de développer des statistiques fiables pour mieux identifier les besoins et de définir des indicateurs permettant de mieux évaluer les résultats des programmes, s’il arrive à convaincre les donateurs qu’il faut investir sur le long terme et sur la base de politiques qui misent également sur le long terme, alors on pourra dire que le Deuxième Congrès a été utile. «Moins de bonnes paroles et plus d’action» ne cessent de répéter les jeunes. C’est sûrement un bon conseil, mais cela ne suffit pas : encore faut-il que les actions aient des résultats positifs.


Barbara Fontana, Département fédéral des affaires étrangères :


Nous sommes satisfaits du résultat global de la conférence, même si la délégation suisse aurait souhaité un texte final plus ambitieux, sous la forme d’un plan d’action plutôt que d’une simple déclaration. Mais, finalement, il est peut-être encore trop tôt – 5 ans après Stockholm – pour passer à un plan d’action et ce n’est probablement pas une mauvaise chose d’en rester au stade de la réaffirmation des principes et de garder l’idée d’un texte plus ambitieux pour une prochaine échéance internationale, peut-être dans 5 ans.

De toute façon, le résultat global de Yokohama va au-delà de la déclaration.

Tout d’abord, le Congrès a permis de réaffirmer l’importance de la problématique et de le maintenir à l’ordre du jour.

Enfin, ce 2 e Congrès a permis d’élargir la problématique. Il a été décidé de parler d’exploitation sexuelle en général et de ne plus se limiter à l’exploitation « à des fins commerciales ». Cette décision nous permet aussi d’élargir considérablement notre approche et notre travail en Suisse et a un impact appréciable pour certaines régions, comme l’Afrique, dans lesquelles les questions d’exploitation sexuelle peuvent être liées à des aspects culturels ou ethniques et n’ont pas forcément de caractère commercial.

On a beaucoup parlé de l’aspect «offre» en matière d’exploitation sexuelle des enfants, donc de la protection de l’enfant victime. Il faut bien sûr renforcer la protection des victimes, mais il nous semble tout aussi important de s’attaquer à l’autre aspect, celui de la «demande», en tentant d’identifier les exploiteurs potentiels et de renforcer le travail de protection par des actions de sensibilisation et de prévention.

Sur le plan législatif, la Suisse se positionne bien, mais il est temps maintenant de passer à la mise en oeuvre qui donnera peut-être lieu à quelques corrections ou améliorations.

Sur le plan politique, la délégation suisse a regretté que les Etats-Unis aient tenté de s’opposer, comme à leur habitude, à tout renforcement de la Convention relative aux droits de l’enfant. Grâce à l’action de l’Union Européenne et de la France entre autres, les dégâts sont limités et le texte final n’est que partiellement amoindri. Enfin, cette conférence a permis aux participants — gouvernementaux, non-gouvernementaux et privés — de rendre visibles les actions et programmes entrepris depuis 5 ans et qui sont, dans certains domaines, considérables. Elle a fourni des pistes pour la Suisse qui l’aideront à rédiger et mettre en œuvre un Plan d’action national sur l’exploitation sexuelle des enfants, que l’on espère pour 2003.



Katrin Hartmann, Arge kipro: Différentes choses m’ont frappée lors du Congrès de Yokohama. Tout d’abord, on a formulé le problème de la demande très clairement et en particulier le profil de l’«exploiteur sexuel». On a tenté de déterminer pourquoi ce sont surtout des hommes qui exploitent les enfants et des hommes qui ne sont de loin pas tous des pédophiles. Un constat s’impose: la consommation de pornographie infantile sur Internet attire beaucoup d’hommes qui ne s’y étaient pas intéressés auparavant mais qui viennent parfois renforcer les rangs des exploiteurs potentiels.

Les débats à Yokohama ont montré que les problèmes peuvent être très différents selon les régions et que les causes économiques et sociales derrière les questions de prostitution enfantine sont complexes.

L’impact du SIDA en Afrique, par exemple, n’est pas à négliger: les enfants orphelins du SIDA sont des victimes faciles pour les réseaux pédophiles.

Au niveau suisse, un constat s’impose à nous après avoir vu ce qui se fait dans d’autres pays: nous avons vraiment accumulé un énorme retard dans la lutte contre la pornographie enfantine sur Internet. Il s’agit maintenant, après l’annonce ces jours-ci de la création d’une nouvelle cellule de monitoring d’Internet (Ndlr. voir encadré ci-dessous), d’aller vite dans sa mise en place pour rattraper ce retard. En tant qu’ONG, nous allons suivre cela de très près. D’autre part, de nombreux pays ont mis sur pied avec succès une «hotline» parfois gérée par une ONG spécialisée. Il y a une réflexion à mener dans ce sens en Suisse.

Enfin, en tant que branche de l’organisation ECPAT, qui signifie «Association contre l’exploitation sexuelle des enfants à des fins commerciales», je ne peux que regretter l’élargissement de la problématique aux aspects non commerciaux de l’exploitation sexuelle des enfants. On tombe ainsi dans un débat plus «grand public», mais moins rigoureux. Il est vrai que le débat sur un thème tellement sensible a parfois tendance à perdre un peu de rigueur. Ainsi, pendant le Congrès, l’exploitation sexuelle des enfants à été comparée à du «terrorisme». L’utilisation d’une telle terminologie «à la mode» ne nous semble pas adéquate et même dangereuse.

Pour terminer, je ferai un dernier commentaire sur la participation des enfants. Une fois encore, la participation des enfants à une conférence les concernant laisse un petit goût amer autant pour eux — ils ont lu une déclaration, fait une pièce de théâtre mais sont partis frustrés et déçus — que pour les autres participants. Il reste encore beaucoup à accomplir en terme de participation des enfants.

Propos recueillis par Françoise Lanci-Montant






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