Deprecated: mysql_pconnect(): The mysql extension is deprecated and will be removed in the future: use mysqli or PDO instead in /home/clients/dd97c3d1555e010b40d5c268f7caf91f/web/338/dei/includes_c/inc_dbopen.php on line 48
Défense des enfants international
section suisse
 
Afficher un article
Les sources des articles disponibles dans la recherche sont l'historique des bulletins DEI, la Convention des droits de l'enfant ainsi que certaines publication de DEI.


Les jeunes enfants sont-ils mis à l’écart dans le mouvement en faveur des droits de l’enfant ?
  
[ Bulletin DEI, juin 2004 Vol 10 No 2 p. I, II, III, IV ]

L’importance des programmes de développement du jeune enfant pour garantir ses droits


Cet article est extrait de la Tribune Volume 15, No 3, septembre 2002, DEI International.


Par Caroline Arnold

Caroline Arnold est conseillère régionale sur le développement des enfants pour l’Asie chez Save the Children– USA / Norvège. Elle est en outre Présidente de Save the Children Alliance Task Groupet membre du secrétariat du Consultative Group on Early Childhood Care and Development.


Les programmes de «développement du jeune enfant» (expression représentée par l’acronyme anglais ECD) permettent de porter une attention particulière aux questions relatives aux droits des jeunes enfants. Ces programmes sont d’autant plus bénéfiques aux enfants qu’ils sont considérés pour l’essentiel comme étant un ensemble d’actions, destiné à promouvoir les droits des jeunes enfants. Ils portent sur l’obligation de l’Etat et des adultes de protéger l’enfant en tant qu’individu et de créer des conditions dans lesquelles l’enfant peut se développer. Cet article étudie comment les programmes ECD contribuent à améliorer les droits de l’enfant.


QU’ENTEND-ON PAR PROGRAMME DE DÉVELOPPEMENT DU JEUNE ENFANT?


Les programmes de développement du jeune enfant (ECD) permettent d’assurer que les enfants grandissent en bonne santé, bien nourris, protégés contre la violence, en développant leur sens de la dignité, leur identité, leur enthousiasme et leur apprentissage. Ils apprennent aux enfants à penser pour eux-mêmes, à communiquer, à s’entendre avec les autres et à jouer un rôle actif au sein de leur famille.

Les programmes ECD sont destinés à influencer l’environnement dans lequel l’enfant grandit, afin qu’il soit propice à son développement général. Par environnement, il faut comprendre les différentes structures qui influencent les jeunes enfants: famille, communauté, centres de santé, établissements ECD, écoles, organismes régionaux, politiques nationales. Les programmes ECD sont destinés à influencer ces structures en s’attaquant aux problèmes qui ralentissent ou mettent en danger le développement de l’enfant.

En d’autres termes, ils concernent les droits des enfants et les obligations qui pèsent sur l’Etat et sur tous les adultes de protéger l’enfant en tant qu’individu et de créer des conditions propices au développement de ses capacités.


Une approche holistique


Cette approche est assez différente de la conception du développement du jeune enfant qui concerne soit la santé et la nutrition, soit uniquement le développement pédagogique des enfants dans des établissements préscolaires. Bien qu’elle ne soit pas nouvelle, cette approche holistique du bien-être des enfants a été entérinée et encouragée par la Convention sur les droits de l’enfant. Le travail des organismes de l’enfance s’est toujours concentré sur la nutrition, les soins de santé et la protection, éléments de base qui ont été reconnus largement dans les politiques des gouvernements. Ce n’est que récemment que ces éléments ont été envisagés comme des droits, plus que comme des besoins (emportant avec eux des devoirs et des obligations); en outre, les droits à recevoir de l’affection, à interagir, à être en sécurité, à être stimulé, ainsi que les occasions pour apprendre et participer ont été reconnus comme étant tout aussi fondamentaux.


La structure des droits de l’enfant


Dans le cadre de ces droits, les programmes ECD sont appelés à prendre cette même position que les plus élaborés d’entre eux ont déjà adoptée depuis plusieurs années. Sous l’élan de la Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant, cette interprétation du rôle des ECD est de plus en plus adoptée par les nombreux organismes et les gouvernements… mais il existe encore de sérieuses lacunes à combler, comme il en ressort de la récente Session extraordinaire de l’Assemblée générale des Nations Unis consacrée aux enfants qui a échoué dans deux domaines:

1. prononcer une déclaration sans équivoque sur la signification de la CRC en tant que référence mondiale pour les enfants et en tant qu’instrument de base pour les actions de protection et de promotion des droits des enfants.

2. porter une attention adéquate au développement général des jeunes enfants, en tant qu’êtres sains, capables, confiants et aimants.


De 0 à 8 ans


Les programmes ECD s’occupent des enfants de 0 à 8 ans. De nombreuses initiatives tombent sous le coup des programmes ECD, allant d’un travail avec les familles, jusqu’à la modification des systèmes qui placent certains enfants en marge ou qui les excluent. Ils portent sur diverses formes de soutien aux familles et aux collectivités, de façon à renforcer leurs aptitudes à favoriser le développement général des enfants et de garantir leurs droits. Les programmes de développement du jeune enfant se manifestent par conséquent par:

• des rôles interactifs au sein de la famille (le foyer est la structure qui a le plus d’influence sur l’enfant; les parents et les autres membres de la famille sont les premières personnes et les personnes principales qui éduquent et qui prennent soin de l’enfant)

• la mise en place au sein de la collectivité de structures de développement et de soins pour les enfants (crèches, soins aux enfants à domicile, centres d’éveil, centres de soins aux enfants, une communauté qui envisage de rendre l’environnement plus sécurisant pour les jeunes enfants, etc.)

• une influence sur les premières années de l’éducation primaire afin que les méthodes d’apprentissage actif orientées vers l’enfant, qui sont caractéristiques des programmes ECD, soient reprises à l’école.

Les programmes peuvent également exercer des pressions en faveur d’un changement d’une législation spécifique ou d’un accroissement du budget alloué aux programmes pour les jeunes enfants. Des programmes bien conçus peuvent constituer une méthode ultra efficace pour lutter contre l’exploitation et les faiblesses profondément ancrées dans certaines cultures.


LES DROITS DES JEUNES ENFANTS: DROITS IGNORES OU DROITS DE SURVIE UNIQUEMENT ?


Il arrive trop souvent que les organismes ignorent tout simplement les plus jeunes enfants (c’est-à-dire un tiers des enfants) ou bien qu’ils ne s’occupent que de leur droit de survie. Malgré la rhétorique autour des enfants, la plupart des organismes ne soutiennent aucun programme de développement général des jeunes enfants. La vie des jeunes enfants est cependant touchée sous différentes formes par les tendances internationales: migration, retour à la famille nucléaire, charge de travail croissante des jeunes filles et des femmes, augmentation du nombre d’inscriptions dans les écoles, mondialisation, transition d’une économie planifiée à une économie de marché, conflits armés, situations d’urgence, VIH/SIDA, etc. En fait, plus l’enfant est jeune, plus il en subit les effets.


Une mise à l’écart ?


La reconnaissance accrue des enfants comme acteurs légitimes dans la société et comme citoyens dotés de droits propres constitue l’un des plus grands résultats du mouvement en faveur des droits de l’enfant: «Vous considérez que nous sommes l’avenir, nous sommes aussi le présent» (Forum des enfants, mai 2002, New York). On peut observer dans le monde entier le passage à une situation dans laquelle les enfants développent des facultés, une compréhension et une participation leur permettant d’exercer une influence sur les décisions et les résultats au niveau local et à des niveaux plus élevés. Mais cela signifie-t-il donc que les jeunes enfants ont encore tendance à être mis à l’écart?

Quelles images percevons-nous lorsque nous parlons de programmes sur les droits de l’enfant? La plupart d’entre nous perçoivent en général des enfants plus âgés qui organisent et mettent en œuvre toute une série d’activités diverses. (…) Nous nous représentons un conseil d’enfants de la rue qui établit un programme d’activités ou des enfants travailleurs qui présentent leurs recommandations lors d’une conférence internationale. (…) Nous nous représentons une salle de classe pleine d’enfants qui sont occupés avec l’enseignant, lequel encourage leur apprentissage actif. Nous nous représentons des enfants qui écoutent attentivement lorsqu’ils sont en charge d’un projet de recherche sur un sujet particulier. (…)

Ce qui rapproche la plupart de ces programmes enrichissants sur les droits des enfants semble être l’accent placé sur une participation active des enfants dans l’élaboration des projets et dans la prise de décision à différents stades. L’effet bénéfique de cette approche basée sur la dignité de l’enfant, son enthousiasme, ses aptitudes à apprendre et sa capacité à résoudre les problèmes ne fait aucun doute. Mais lorsque nous parlons de participation, pensons-nous uniquement aux enfants plus âgés ?


«Tous» les enfants ?


Comment pouvons-nous garantir que les jeunes enfants ne sont pas en quelque sorte oubliés quand nous pensons à leurs droits ? Les ouvrages relatifs aux droits des enfants, même s’ils parlent de «tous les enfants», ont tendance à ne pas prendre en compte les plus jeunes. Ceci est important pour deux raisons:

1)les jeunes enfants ont des droits inhérents; plus l’enfant est jeune, plus il dépend des adultes pour garantir ces droits.

2)Les aspects essentiels qui influencent sérieusement les aptitudes d’une personne à interagir effectivement avec son monde se développent au cours des premières années. C’est pendant les premières années que nous prenons conscience de qui nous sommes et que nous développons notre confiance et nos compétences pour nous exprimer et négocier nos droits. Ce sont les premières manifestations de l’enfant, généralement à l’attention de sa mère, lorsqu’il indique ce qu’il veut avec des bruits et des signaux puis qu’il l’obtient, qui sont le signe que l’enfant peut exercer une influence sur son environnement et son entourage. Lorsque l’enfant grandit et apprend à parler, la façon dont il s’exprime et s’attend à être capable de participer est profondément influencée par le degré d’encouragement des personnes qui l’entourent à communiquer avec des mots. Ce sont les petits moments de la vie quotidienne qui constituent réellement le fondement de la participation. La manière dont les familles encouragent leurs enfants à participer au sein de la famille et de la communauté est très important.


Le prix de l’ignorance des premières années Les enfants mis à l’écart


Si l’on néglige cette période de la vie d’un enfant, il faudra des moyens supplémentaires importants pour que l’enfant développe sa confiance et qu’il puisse avoir son mot à dire. (…)

Heureusement, les enfants sont dotés d’une forte dose de flexibilité et nombre d’entre eux qui ont vécu dans le passé des situations très difficiles développent par la suite un esprit, une intelligence et une perspicacité acérés pour comprendre les réalités de ce monde. Il est cependant vrai que nous avons tendance à ne voir que ces enfants là: ceux qui attirent notre attention, ceux qui participent à des projets qui encouragent la participation, justement en raison de leur vivacité et de leur aptitude à exprimer leurs idées. Qu’en est-il des autres ? Si nous pensons sérieusement aux droits des enfants et à leur participation, il est alors essentiel d’ouvrir à davantage d’enfants l’éventail des possibilités pour qu’ils grandissent dans un environnement qui favorise leur développement, dès la naissance.


L’IMPACT DES PROGRAMMES ECD


L’importance des premières années dans le développement du potentiel intellectuel, personnel, social et physique est reconnue. Il n’est donc pas surprenant que l’investissement dans les premières années apporte à travers les nombreuses recherches de hauts rendements, sur le plan de l’éducation, de l’état de santé et de la productivité économique. (…)


Les fruits des programmes ECD: arguments économiques ou droits ?


Pour convaincre les plus sceptiques et pour délier les cordons financiers en faveur des enfants, nous continuerons sans aucun doute à utiliser des arguments reposant sur une réduction des taux d’abandon et de redoublement, sur les améliorations en matière d’efficacité interne des systèmes primaires, etc. Pour les organismes travaillant pour les droits des enfants, nous devons quand même nous rappeler que notre engagement envers les jeunes enfants n’est pas fondé sur «un rendement du capital investi». Les jeunes enfants ont le droit d’avoir un bon départ dans leur vie, que nous recevions ou non quelque chose en retour. (…)

Au lieu de constituer un luxe des sociétés riches, les programmes qui soutiennent le développement des jeunes enfants sont d’autant plus nécessaires dans les régions où les enfants sont sérieusement défavorisés. Il est essentiel d’apporter un soutien durant les premières années dans les régions d’extrême pauvreté en situation de conflit, dans lesquelles les enfants sont mis en marge en raison de leur handicap, leur appartenance ethnique, leur religion ou pour d’autres raisons. Et c’est malheureusement là où les ressources sont limitées que les jeunes enfants sont les premiers à être perdants.


L’APPROCHE PRO-ACTIVE DES PROGRAMMES ECD POUR DIMINUER L’EXPLOITATION


En stimulant une approche pro-active (et non uniquement a posteriori) pour réduire l’exploitation, les programmes de développement du jeune enfant contribuent à favoriser d’une autre manière les droits de l’enfant.

Deux méthodes:


1. Encourager l’engagement de la famille et de la collectivité


Si les familles et la collectivité s’engagent en faveur des droits des enfants dès leurs premières années d’existence, cela permettra de rendre l’environnement dans lequel ils grandissent propice à leur épanouissement, ce qui réduira le nombre des enfants qui ont besoin des programmes de protection ou de réhabilitation. Pour de nombreux enfants, la famille, sous toutes ses formes, participe chaque jour étroitement à la gestion et à la protection de leurs droits. Plus l’enfant est jeune, plus le rôle de la famille s’accentue. Dans la plupart des pays, vu le rôle central joué par la famille, il est en effet frappant de noter qu’elle a été si rarement impliquée dans des consultations sur les droits des enfants.

Il est aussi relativement facile d’encourager la participation des enfants dans des «projets» spécifiques. A long terme, l’obstacle à surmonter consiste à parvenir à de véritables changements des formes de participation des enfants dans leur vie quotidienne, que ce soit une participation au sein de la famille, dans leur cercle d’amis, dans les écoles ou au sein de la collectivité. (…)


2. Renforcer les mécanismes de protection interne de l’enfant


Un autre grand atout des programmes ECD de qualité est qu’ils mettent l’accent sur le développement du potentiel intellectuel des enfants pour comprendre le monde qui les entoure; en outre, ils les encouragent à être confiants, à communiquer et à être dotés d’une certaine flexibilité pour jouer un rôle interactif de manière efficace dans ce monde. Ce sont ces mêmes atouts qui sont les plus importants pour permettre à l’enfant, lorsqu’il grandit, de surmonter les obstacles de la vie, d’être plus disposé à recevoir ses droits et d’être un membre actif de la société. Si les aspects de santé et de nutrition des programmes ECD sont absolument essentiels, nous devons aussi garantir qu’une attention particulière soit portée aux aspects psychosociaux du développement des enfants.

Ces aspects psychosociaux et les profondes racines pédagogiques et de justice sociale des ECD ont le plus de signification en cas de changement social à long terme et pour une réalisation soutenue des droits des enfants. Il faut le souligner ici, car certaines indications montrent que quelques uns des plus grands donateurs/organismes tendent à concevoir les programmes sur la petite enfance quelque peu sous un angle «santé/nutrition + quelques connaissances psychosociales». Les documents de la récente Session extraordinaire de l’Assemblée générale des Nations Unies consacrée aux enfants sous-évaluent ces mêmes aspects qui sont les plus significatifs pour un changement des normes sociales à long terme.


Les programmes ECD dépassent le cadre juridique et reposent sur un dialogue et une négociation à tous les niveaux


Jusqu’à très récemment, la plupart des discussions sur les droits des enfants avaient tendance à se concentrer sur le cadre juridique, les décisions sur une politique, etc. Ceci constitue un aspect central important. La CRC a force obligatoire entre les Etats parties et a assuré que l’on porte une attention particulière aux obligations et aux politiques des Etats. Cependant, du point de vue juridique, nous sommes de plus en plus conscients qu’il est nécessaire de se pencher sur ce qui se passe à tous les niveaux.

Les obligations morales envers les enfants existent partout dans la société et existaient bien avant les traités. Les droits des enfants sont liés aux obligations des Etats. C’est l’Etat partie qui doit rendre des comptes en vertu de la CRC. Mais les responsabilités de tous les adultes sont elles aussi en cause ici, de façon à protéger l’intérêt supérieur des enfants et à créer des conditions propices à leur épanouissement et leur développement.






© DEI - NetOpera 2002 - 2008 contact Conception et réalisation: NetOpera/PhotOpera,





niak2