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Défense des enfants international
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Entretien avec Laurence Roth, psychologue, assistante sociale au Service de protection des mineurs à Genève
  
[ Bulletin DEI, septembre 2006 Vol 12 No 3 p.III-IV ]


Quel rôle exactement joue le Service de protection des mineurs à Genève dans le processus de placement d’enfants hors de leur famille ?

Le Service de Protection des Mineurs est un service placeur. Il intervient à la base même du processus. Nous rencontrons les familles, évaluons l’adéquation d’un placement et cherchons un foyer qui réponde à la problématique et à la demande de la famille.

Il y a trois types de placement : le placement d’urgence, nécessaire lorsqu’un mineur se trouve en danger immédiat et qu’il a besoin d’être protégé de l’attitude pathogène ou violente de ses parents. Il en va de même lors du décès, de l’hospitalisation ou de l’emprisonnement de son représentant légal et qu’aucune personne de son entourage familial ne peut le garder.

Un deuxième type de placement est le placement à court terme, effectué lorsque des conflits importants opposent le mineur à ses parents et qu’une séparation temporaire permettrait de faire baisser les tensions.

Le troisième type de placement, à long terme, concerne principalement les mineurs dont les parents rencontrent des difficultés d’ordre psychiatrique graves, des addictions non soignées, ou des placements pénaux suite à des délits commis par le jeune.


Quelles sont les diverses raisons qui peuvent mener au placement d’un enfant, quelles sont les problématiques auxquelles vous avez à faire face ?

Les problématiques et les raisons qui peuvent mener au placement d’un enfant sont diverses et variées. A titre d’exemple et de manière non exhaustive, cela peut se produire dans des cas de maltraitance, de négligence, lorsque l’enfant est en danger tant sur un plan physique que psychologique. Dans d’autres cas, le conflit entre un enfant ou un adolescent et ses parents peut être tel qu’il est bénéfique de les séparer temporairement. Ou encore si les parents traversent une crise grave qui ne leur permet plus de s’occuper de leurs enfants. L’équipe éducative prend le relais tout en travaillant de manière régulière avec les parents.

Il y a deux types de placement : le placement civil, en lien avec toutes les problématiques liées au droit de la famille et le placement pénal ordonné par le Tribunal de le Jeunesse dans les cas de délinquance des mineurs. Dans ce cadre, le Service de Protection des mineurs s’occupe de l’organisation du placement pénal et de son suivi.

Cependant, le placement doit rester un ultime moyen de réponse à une situation de crise familiale. Le travailleur social doit s’appliquer à tout mettre en œuvre pour que le mineur puisse vivre au sein de sa famille.


Est-il judicieux de placer dans des mêmes institutions des enfants aux problématiques différentes ?

A mon avis oui. En effet, il n’est pas forcément judicieux de placer des enfants en fonction de leurs pathologies. Si c’était le cas, il y aurait une forme de stigmatisation de leurs problèmes, ce qui n’est pas favorable à leur évolution. Un enfant ou un adolescent est en devenir et les institutions travaillent pour les aider à grandir sans les voir uniquement à travers leurs difficultés.

Il existe cependant un certain nombre d’établissements destinés aux enfants avec de graves troubles du comportement et qui ont besoin de soins spécifiques. Dans ce cadre-là, ils sont placés en fonction de leurs troubles et sont suivis par les instituts liés à la Guidance Infantile et au Service Médico-Pédagogique.


Y a-t-il beaucoup de placements en famille ? Sur quelles bases un enfant va-t-il être placé en famille plutôt que dans une institution ?

A mon sens le premier critère est l’âge de l’enfant. A Genève, il n’y a pas de foyer à long terme pour les enfants de la naissance à quatre ans. A cet âge et dans la mesure du possible, le groupe des Evaluations des Lieux de Placement de l’Office de la Jeunesse, en collaboration avec notre Service, va chercher une famille d’accueil prête à recevoir cet enfant. Un enfant en bas âge a besoin de beaucoup d’attention, de soins et d’affection. Vivre en famille est un contexte plus adapté à son âge. Le placement familial constitue un mode de vie privilégié pour les enfants privés du soutien et de la sollicitude de leurs parents. Cependant, si un enfant a des troubles qui demandent des soins particuliers, une institution répondant à ce type de problème pourra être préférée à une famille d’accueil.

Quels sont les principaux critères requis pour pouvoir autoriser une institution ou une famille à l’accueil d’enfants ?

Les familles d’accueil recevant des mineurs sont évaluées par le service des Evaluations des Lieux de Placement (ELP) de l’Office de la Jeunesse. L’ELP est chargé de l’application de l’Ordonnance fédérale réglant le placement d’enfants qui vise à garantir de bonnes conditions d’accueil. Les institutions sont évaluées par le Secrétariat aux Institutions (SAI)

L’Office de la Jeunesse recherche tout le temps de nouvelles familles d’accueil car il y a beaucoup de demandes de placement d’enfants. La famille d’accueil avec hébergement est un couple qui reçoit un enfant séparé de ses parents pour une durée variable et qui lui offre une structure, un rythme de vie et de l’affection. L’enfant accueilli reste, dans la mesure du possible, en relation avec ses parents.

Pour devenir une famille d’accueil, il faut contacter le Service des Evaluations des lieux de Placement qui, après un premier échange et une séance d’information, va mettre en place la procédure d’évaluation. Cette procédure comprend trois aspects : l’aspect administratif, les entretiens d’évaluation et l’aspect médical. Si l’évaluation sur ces aspects est favorable, la famille reçoit une autorisation pour l’accueil familial. Les parents de l’enfant participent au financement du placement.

Y a-t-il suffisamment de lieux de placement à Genève? Est-il souhaitable d’augmenter le nombre de places ? Ne faudrait-il pas plutôt trouver d’autres stratégies pour aider les familles et enfants en crise ?

C’est une question difficile. Il est vrai qu’il devient de plus en plus difficile de trouver des places en institution à Genève. Notre travail consiste aussi à faire avec ce que l’on a à disposition.

Nous essayons toujours de trouver d’autres stratégies. Le placement est souvent notre dernier recours. Nous évaluons dans un premier temps les ressources familiales. Nous travaillons avec les familles pour les soutenir dans leurs difficultés et les aider à résoudre leur problème. Dans un certain nombre de cas, nous pouvons ainsi éviter le placement.


Pour quelles raisons des enfants sont-ils placés dans d’autres cantons, voire d’autres pays (si c’est le cas à Genève) ?

Notre Service travaille en étroite collaboration avec des foyers dans les cantons du Valais, de Neuchâtel et de Vaud. Pour certains jeunes, un éloignement de Genève est souhaitable. Ainsi ils peuvent se concentrer sur eux et couper avec certaines habitudes ou fréquentations néfastes.

Nous travaillons également avec un foyer en France pour les mêmes raisons que je viens d’évoquer.


Avez-vous également recours à des intermédiaires privés comme c’est le cas dans certains cantons ? Pour quelles raisons ?

Dans certains cas, si la situation scolaire de l’enfant est bonne mais les problèmes familiaux sont tels que le jeune doit être placé et qu’aucune institution subventionnée ne peut le prendre en charge, il peut alors arriver d’avoir recours à des institutions privées pour un temps limité. Ces placements restent exceptionnels.


Comment se passe concrètement le suivi des enfants placés en famille et en institution ?

Tout d’abord il y a un travail d’évaluation des répercussions du placement sur le système familial, de l’état de santé des parents. Cette évaluation se fait à travers des entretiens avec le mineur et sa famille ce qui permet de vérifier l’adéquation du placement. Nous prenons contact ensuite avec le foyer qui offre la prise en charge la plus proche des besoins du mineur et organisons une visite des lieux. Nous présentons également la situation à l’équipe éducative du foyer. Un délai de réflexion est souvent recommandé après la visite. Une fois que tous les partenaires du placement sont d’accord, le jeune intègre l’institution.

Nous travaillons de manière très étroite avec les foyers. Nous nous répartissons les tâches. Par exemple, les aspects médicaux sont assurés par le foyer ainsi que les retours en famille du week-end. L’assistant social en charge du placement de l’enfant se rend en moyenne une fois par mois dans le foyer pour faire un bilan. Il est également à disposition si dans l’intervalle il y a des soucis ou des choses à régler. Tant le foyer que notre Service maintenons des contacts réguliers avec les parents de l’enfant, qui sont des partenaires indispensables au placement.

Il en va de même pour les familles d’accueil. Un assistant social du groupe des Evaluations des Lieux de Placement suit de près la famille d’accueil et travaille en collaboration avec l’assistant social du Service de Protection des Mineurs qui demande le placement.

Comment assurez-vous le suivi des retours en famille suite à un placement ?

Le retour en famille se fait suite à l’évaluation de l’évolution de la situation familiale. Le retour en famille se prépare avec l’institution et notre Service. Une fois que le jeune est de retour chez lui, nous continuons notre travail de soutien et appuyons la famille sur le plan éducatif.







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