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Défense des enfants international
section suisse
 
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Programme de Tony Blair contre la délinquance juvénile : assistance ou répression ?
Par Anne Pictet

  
[ Bulletin DEI, septembre 2007 Vol 13 No 3 p.7 ]


A son arrivée au pouvoir en 1997, Tony Blair a pour thème de prédilection la lutte contre la criminalité juvénile. Il veut s’attaquer aux causes socioéconomiques de la délinquance, car selon lui, naître et grandir dans un contexte socioéconomique difficile prédispose à devenir délinquant : « Les faits montrent que la pauvreté, un faible attachement affectif, le stress pendant la grossesse, une mauvaise santé maternelle, (…) sont fortement associés à des résultats ultérieurs problématiques chez l’enfant, comme un comportement anti-social (…) », affirme le ministre de l’exclusion sociale Pat Mc Fadden. Sont alors prises des mesures fortes de lutte contre la pauvreté, qui dix ans après démontrent, selon le ministre, leur efficacité : 600 000 enfants de moins dans la pauvreté, augmentation du revenu des 20% les plus pauvres plus rapide que celui des 20% les plus riches. Mais il admet qu’un petit groupe de ménages n’a pas pu bénéficier de ces mesures ni prendre part à l’accroissement général de la prospérité. Par exemple le nombre des grossesses chez les adolescentes britanniques est l’un des plus élevés d’Europe, et faute de moyens, les services sociaux rendent de moins en moins visite à ces jeunes filles en difficulté.
Pour améliorer ce bilan d’un pays devenu plus riche mais doté d’inégalités accrues, Tony Blair décide juste avant de quitter son poste en juin 2007 de prendre des mesures spéciales pour venir en aide à ce noyau dur de familles désavantagées. Il annonce le 16 mai le lancement d’un programme d’assistance aux femmes « à problèmes » enceintes. Ce projet, baptisé « Partenariat infirmière-famille », concerne les femmes dès la 16ème semaine de grossesse qui sont en difficulté financière et attendent leur premier enfant. Portées volontaires, ces mères recevront des visites hebdomadaires d’assistants sociaux ou de sages-femmes pendant toute leur grossesse, puis tous les 15 jours jusqu’à ce que leur enfant atteigne l’âge de deux ans. Leurs interlocuteurs les aideront à améliorer leur hygiène de vie –cesser de fumer, de se droguer-, à trouver du travail, à renforcer les liens affectifs avec leurs bébés et à devenir de « bons parents ». Il s’agit ainsi de rompre la spirale pauvreté-exclusion-délinquance. Le gouvernement travailliste veut consacrer 7, 5 millions de livres à ce programme qui sera appliqué dans dix des zones les plus pauvres du royaume. Il s’appuie sur les résultats d’expériences menées aux Etats-Unis depuis trente ans par le pédiatre David Olds, qui auraient fait leurs preuves : meilleures capacités linguistiques, quotient intellectuel supérieur, et moins de troubles de comportement chez les enfants concernés, moins d’abus et de négligence à leur égard. Il s’agirait par ailleurs d’un « investissement » à long terme, car un tel programme permettrait d’économiser 12 500 livres d’argent public par enfant ayant atteint l’âge de trente ans.
Face à cette initiative, des organisations d’aide à l’enfance déplorent la stigmatisation des mères « à risques », et une bonne partie de la presse britannique s’inquiète qu’on désigne de potentiels délinquants encore dans le ventre de leur mère. Pour la responsable du programme au ministère de la santé britannique Kate Billingham, les risques de voir ces nouveaux-nés stigmatisés en tant que futurs délinquants ou exclus sociaux sont largement compensés par l’aide qui sera apportée aux familles pauvres et à leurs enfants . A l’opposition conservatrice qui voit dans cette assistance une extension dangereuse de l’intrusion de l’Etat dans la vie privée, la ministre de la famille Beverley Hughes répond que le gouvernement ne dira pas aux parents ce qu’ils doivent faire, mais apportera l’information et le soutien que les parents demandent, en mettant l’accent sur la qualité des relations entre le visiteur et la famille . La correspondante des affaires sociales du Guardian Lucy Ward, quant à elle, voit le problème du programme de Tony Blair ailleurs : le service des visites de santé britannique, sur lequel repose le programme de partenariat, est déjà débordé et en perte de vitesse dans son soutien général apporté aux familles. Il n’a donc pas les moyens de fournir une aide particulière à un public cible, si ce n’est au détriment de l’aide générale . Hormis ces quelques critiques, le débat n’est pas très intense outre-Manche, comparé à la vaste polémique soulevée en France en 2006 face au projet de Nicolas Sarkozy de dépistage précoce des « troubles du comportement » chez les jeunes enfants afin de prévenir la délinquance. Certains professionnels de l’enfance avaient alors dénoncé cette conception du mineur comme prédisposé dès son plus jeune âge à la déviance, et l’amalgame entre la protection de l’enfance et la prévention de la délinquance, devant relever selon eux de politiques différentes.





Sources :

Lucy Ward, The Guardian, 16 mai 2007
Luca Ward, The Guardian, 23 mai 2007
Marc Roche, Le Monde, 17 mai 2007
Jean Marc Manach, Le Monde, 16 mai 2007
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