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Les sources des articles disponibles dans la recherche sont l'historique des bulletins DEI, la Convention des droits de l'enfant ainsi que certaines publication de DEI.
Mutilations génitales féminines: un fléau à combattre aussi en Suisse [ Bulletin DEI, décembre 2007 Vol 13 No 4 p.11 ] La Suisse n’échappe pas au fléau des MGF: près de 7000 femmes sont excisées ou menacées de l’être dans notre pays. Pour briser un tabou et aller au-devant d’un public peu informé, deux femmes d’origine somalienne ont réalisé un documentaire. Mouvements de populations oblige, la cruelle réalité des MGF ne s’arrête plus aux frontières des Etats où elles sont le plus largement répandues. Les pays à forte immigration sont désormais confrontés à une pratique en passe de devenir un problème de santé publique mondial. En Suisse, d’après une étude menée en 2004 par l’UNICEF(1), ce sont près de 7000 femmes qui sont concernées par les MGF… Surtout des fillettes âgées de 4 à 12 ans, que les gouvernements devraient être en mesure de protéger et d’accompagner (voir encadré). Le plus souvent, c’est au sein de populations de migrants isolés que le repli sur les traditions se manifeste avec le plus de prévalence. Ce, sans rien laisser filtrer, ou presque, dans l’entourage du pays hôte. La Suisse semble faillir sur le plan de la prise en charge et de l’accompagnement des femmes mutilées ou susceptibles de l’être. Même parmi les professionnels - sages-femmes, gynécologues, pédiatres, etc.- amenés à côtoyer cette population à risque, règne souvent une ignorance, voire un malaise teinté de stigmatisation. Briser le silence Face à ce constat, deux jeunes femmes d’origine somalienne vivant en Suisse, Fatxyia Ali Aden et Sahra Osman, ont décidé de mettre leur vécu de femmes, ayant connu au plus intime de leur être la cruauté des MGF, au service d’une nécessaire information, base de toute prévention. Brisant la loi du silence, elles sont passés devant la caméra pour témoigner à visage découvert de la réalité des MGF dans le cadre d’un vibrant documentaire intitulé «Femmes mutilées plus jamais!»(2). Ce film aborde l’excision sous l’angle psychologique, médical et social, mais aussi sous celui de la culture et de l’intégration. Il met en lumière les motivations des mères qui infligent à leurs filles un acte dont elles ont elles-mêmes été victimes. Au premier plan des raisons invoquées, le respect des traditions sans lequel les femmes sont mises au ban de leur communauté. «Trouvez-nous les hommes qui accepteront d’épouser des femmes non excisées», rétorquent-elles à ceux qui leur font porter tout le fardeau des MGF. En cause également, l’ignorance, parfois savamment entretenue par des leaders spirituels, de l’absence de tout fondement religieux des MGF. Mais ce qui est surtout dénoncé dans le film, c’est la domination sur des femmes, sur leur corps et leur sexualité, au prix de leur santé, voire de leur vie, car «dans cette lutte, on oublie de compter les mortes». Le film permet aussi de retracer l’histoire d’un combat qui prend son essor en 1976 avec des relais en Suisse et en Europe. Des extraits de discours de femmes africaines aident à combattre l’idée du fait culturel à respecter: «Ce n’est pas au prix d’une mutilation que nous affirmons notre identité d’Africaines», disent-elles. Un film important, sans scènes d’excision, essentiellement basé sur des témoignages qui ancrent dans la réalité d’aujourd’hui une pratique que l’on voudrait d’un autre âge. Ses auteures souhaitent qu’il soit utilisé comme outil lors des campagnes de sensibilisation et d’information. Il contribuera sous doute à ce que le cri «Femmes mutilées plus jamais!» devienne réalité. Les MGF au parlement Sources: 1. Voir aussi BSDE VOL. 12, p. 9, juin 06 |
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