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Défense des enfants international
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Crise alimentaire mondiale: n’oublions pas les plus vulnérables !

Par Christian Captier, Directeur Général de Médecins Sans Frontières (MSF) Suisse

  
[ Bulletin DEI, mars 2009 Vol 15 No 1 p.4 ]


Effet d’annonce, images chocs de manifestations contre la « faim » et déclarations catastrophistes ont ravivé, sur fond d’anciennes peurs, le spectre d’une famine planétaire et de vagues de réfugiés affamés déferlant sur le monde dit développé. Cette représentation a jusqu’à présent occulté la réalité de millions de parents qui voient leurs enfants mourir par manque d’aliments adaptés. Ce que tous les médias ont qualifié « d’émeutes de la faim » a remis au centre de l’actualité planétaire une situation d’autant plus dramatique que chronique et oubliée.


La dégradation de la sécurité alimentaire globale va davantage mettre en péril la situation des populations les plus vulnérables. Mais ce qu’il est dorénavant convenu d’appeler crise alimentaire mondiale ne doit occulter ni les besoins spécifiques de ceux qui souffrent chaque jour de malnutrition aiguë, ni l’inadéquation des réponses actuelles, qui sont fondées sur des logiques de surplus et non sur une analyse précise des besoins, notamment des plus vulnérables. Car au-delà de fonds débloqués en urgence pour répondre à la crise alimentaire, situation qui ne s’est pas encore traduite en une véritable crise nutritionnelle, il faut repenser la façon dont l’aide est conçue et distribuée.


La crise alimentaire ‘globale’ actuelle ne me semble pas très différente de par sa nature de celle analysée par Amyarta Sen, prix Nobel d’économie, à propos des mécanismes de famines, il y a presque 30 ans maintenant. Sen a démontré de façon éclatante que le problème n’était pas la disponibilité globale de nourriture, donc sa quantité, mais bien l’accessibilité des plus vulnérables à cette alimentation. En faisant un parallèle, nous parlerions, dans nos sociétés dites développées, de pouvoir d’achat. La situation actuelle est cependant plus complexe à analyser. Non seulement elle se déroule dans un contexte, non plus local ou national mais globalisé, de plus, l’aide alimentaire disponible n’est pas adaptée aux besoins des plus vulnérables. En effet, cette aide cible avant tout les adultes. Or les principales et les premières victimes sont les jeunes enfants dont le nombre de décès est estimé entre 2 et 5 millions par an. Le simple flou de ces terribles statistiques montre bien le peu d’intérêt porté à ce drame depuis des décennies.


Près de 20 millions d’enfants de moins de cinq ans sont atteints de
malnutrition aiguë sévère. Le système de l’aide alimentaire, largement
défaillant, ne permet pas la fourniture des éléments nutritionnels
essentiels nécessaires au métabolisme des jeunes enfants. Pourtant, une nouvelle génération d’aliments thérapeutiques (ATPE -Aliments
Thérapeutiques Prêts à l’Emploi) et de stratégies de prises en charge
ambulatoires permettent d’obtenir des résultats jamais égalés dans le
traitement de la malnutrition infantile. Le constat est sévère : seuls 9%
des enfants les plus sévèrement malnutris reçoivent une alimentation
thérapeutique adaptée à leur état. Cela malgré les alertes lancées par
Médecins Sans Frontières et d’autres organisations depuis des années.


Aujourd’hui, entre les discours lénifiants sur les objectifs du millénaire
et en attendant une hypothétique remise en cause des échanges économiques entre le Nord et le Sud, et donc un remodelage politique du monde, on se contente de vieilles recettes dont l’inefficacité est de plus en plus largement reconnue. Au Niger avec les excès d’une rhétorique à outrance sur l’allaitement maternel, comme au Darfour avec les craintes d’une réduction des convois alimentaires ou en périphérie de Mogadiscio, capitale somalienne dévastée par les combats, nos équipes sont confrontées aux drames touchant les plus jeunes. En 2007, plus de 25'000 enfants ont été pris en charge par MSF Suisse.


Il est urgent de généraliser l’emploi de ces aliments thérapeutiques.
Au-delà des images des émeutes de la faim, la souffrance silencieuse des plus vulnérables, oubliés par le système de l’aide et par la plupart des gouvernements, doit nous interpeller et nous faire agir, efficacement, maintenant.







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