Entre 3,5 et 5 millions d'enfants de moins de 5 ans meurent chaque année de malnutrition dans le monde. Malgré ce bilan catastrophique, l'essentiel de l'aide alimentaire reste inadapté pour lutter contre ce fléau.

Nouvelle donne dans la prise en charge de la malnutrition

Depuis une dizaine d'années, de grands progrès scientifiques ont été effectués dans le domaine de la nutrition. L'apparition d'aliments thérapeutiques prêts à l'emploi, les ATPE, a révolutionné la prise en charge de la malnutrition. Il s’agit de sachets de pâtes ou de biscuits nutritifs, qui comportent l’avantage de pouvoir être emmenés et consommés partout, sans eau, sans dosage, sans récipient. Ces produits sont élaborés à partir de matières premières telles que le lait et les arachides et sont particulièrement adaptés aux besoins nutritionnels des jeunes enfants.

Seuls 9% des enfants traités efficacement

L'efficacité des ces aliments thérapeutiques pour traiter la malnutrition sévère est aujourd'hui largement reconnue. Cette approche a été adoptée par plus de 25 pays et est recommandée par l'OMS, l'UNICEF et le PAM. Pourtant seuls 9% des 20 millions d'enfants concernés ont accès à ce traitement. Et il ne s'agit là que de la pointe de l'iceberg. L'aide alimentaire fournie aux enfants souffrant de malnutrition modérée et aux enfants de moins de 3 ans est composée de bouillies à base de céréales qui ne contiennent pas d’éléments d’origine animale, lesquels sont essentiels à ce stade de leur développement. Le lait a été supprimé de ces préparations pour des raisons économiques à la fin des années 1980. Si ces enfants recevaient une aide appropriée, ils n'atteindraient pas le stade de la malnutrition sévère.

De grandes promesses, mais peu d'argent

La qualité de l'aide alimentaire doit absolument être réformée. Pourtant, les organisations internationales n'ont pas encore établi de standards nutritionnels minimaux – et adaptés – pour les enfants de moins de 3 ans. D'autre part les moyens financiers manquent cruellement. Lors du dernier sommet sur la sécurité alimentaire à Rome en juin 2008, les gouvernements présents avaient promis 12,3 milliards de dollars pour lutter contre la faim dans le monde. Actuellement seul 1 milliard a été versé. C'est bien peu, si on considère que MSF et ACF estiment à 3 milliards de dollars la somme nécessaire pour traiter les 55 millions d'enfants souffrant de malnutrition dans le monde.

Sources : MSF, CRIN

Que fait la Suisse ?
Au mois de juin 2008, la conseillère nationale Marina Carobbio a déposé une interpellation demandant au gouvernement suisse de s’engager en faveur des nouvelles stratégies de prise en charge de la malnutrition et d’évaluer la qualité de l'aide alimentaire fournie par la Suisse. Le Conseil fédéral, dans sa réponse, précise que seuls les cas de malnutrition aiguë sévère nécessitent une prise en charge à l’aide des RUTF. Il explique que la Suisse s'engage principalement en faveur des enfants avec malnutrition aiguë modérée et malnutrition chronique et qu’il n’existe pour l’instant pas encore de consensus au niveau international sur le type d'aliment de supplément qui devrait être distribué dans ces circonstances. Il dit attendre une position de l’OMS pour évaluer si la qualité de l’aide suisse doit être modifiée. Le Conseil fédéral précise également que l’alphabétisation des mères fait partie des stratégies de lutte contre la malnutrition encouragées par la coopération suisse. La Suisse ne semble pas prête à s’engager dans le combat mené par MSF pour venir en aide aux enfants souffrant de malnutrition dans le monde.


Source : Ip Carobbio 08.3282. Lutter efficacement contre la malnutrition chez les enfants de moins de trois ans