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Défense des enfants international
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Les sources des articles disponibles dans la recherche sont l'historique des bulletins DEI, la Convention des droits de l'enfant ainsi que certaines publication de DEI.


Entretien avec Marie-Françoise de Tassigny, déléguée à la petite enfance en ville de Genève
  
[ Bulletin DEI, mars 2009 Vol 15 No 1 p.I ]




Comment expliquer que l'accueil extrafamilial soit si peu développé en Suisse en comparaison européenne?


Il existe en Suisse un certain regard sur la société. On considère traditionnellement que les affaires familiales appartiennent à la sphère privée. Ce n'est pas le cas en France, par exemple, où la famille est l'affaire de tous, en conséquence, l'Etat y consacre plus de moyens.
En Suisse, le coût du jeune enfant n'a initialement pas été pris en compte dans la vision politique, il s'agit d'une nouvelle donne. C'est plutôt la prise de conscience du travail des femmes et de ses avantages en termes économiques qui a eu une influence sur la politique familiale et sur le développement des structures d'accueil pour les enfants, un de ses socles.


Il existe une grande diversité de l'offre entre les cantons suisses, à quoi cela est-il dû à votre avis?


Le développement des structures d'accueil dans les cantons est dû à différents paramètres, les moteurs ne sont pas les mêmes. En Valais, la prédominance d'un parti favorable à la famille a été cruciale. A Genève, la pression des femmes qui travaillent et une volonté politique certaine ont joué un rôle. Dans d'autres cantons, comme à Bâle, il existe des lobbys de parents.


La Confédération a mis sur pied il y a quelques années un programme d’impulsion financière, or, dans un premier temps, les communes ont été critiquées pour ne pas l'avoir suffisamment utilisé….


Les critiques étaient à mon avis dues à une méconnaissance des structures d'accueil et des conditions qui entouraient l'attribution des fonds. Tout d'abord, il faut compter plusieurs années entre la planification et la réalisation d'un projet de crèche. Ensuite, pour recevoir l'argent de la Confédération, il faut attendre que les structures soient exploitées. Les effets de ce fond se font ressentir actuellement et auront une influence sur les années à venir.


Les normes techniques très strictes sont souvent évoquées comme une contrainte pour mettre sur pied de nouvelles crèches, qu’en pensez-vous ?


Je pense qu'il s'agit là d'une fausse excuse. Certaines normes comme celles liées au feu ou aux règles d’hygiène de la confection alimentaire des enfants sont certes relativement contraignantes, mais le principal problème est le coût de la place en crèche. C'est ce qui retient souvent les privés ou les entreprises de mettre sur pied des projets de crèches.


La Suisse dispose-t-elle de suffisamment de personnel formé?


Les structures d'accueil ont connu un développement très rapide ces dernières années et nous avons effectivement connu une pénurie de personnel formé face au gonflement de l'offre, mais cela s'améliore.
Si on prend l'exemple genevois, auparavant, 20 personnes étaient formées par année, cela ne suffisait pas à pourvoir tous les postes. Nous avons fait pression auprès du département de l'instruction publique du canton pour doubler les effectifs de formation de base et en emploi. D'autre part, la proximité de la France nous permet d'embaucher du personnel frontalier qualifié.


Ne serait-il pas nécessaire, au vu de la situation actuelle, de promouvoir d’autres formes de garde, comme les crèches familiales ou les « mamans de jour » ?


Je suis personnellement en faveur de la diversité de l’offre. Par ailleurs, la Ville de Genève va soutenir dès l'an prochain les mamans de jour. Cependant, il existe de nombreux freins. Tout d'abord les parents semblent attachés au système institutionnel et sont souvent sceptiques à l'idée de confier leur enfant à une autre famille. D'autre part, certaines communes sont prudentes, car elles engagent leur responsabilité et n'ont pas la possibilité d'exercer une surveillance accrue sur les familles accueillant des enfants. Enfin, étant donné le grand nombre de « mamans de jour » officiant au noir, il n'est pas garanti qu'elles souhaitent toutes entrer dans le système.
Quant au système de crèches autogérées, il a fait ses preuves en France, mais le modèle n'a pas pris en Suisse, nous n'avons pas trouvé de familles prêtes à mettre sur pied de telles structures.
Il faut continuer à imaginer des nouvelles réponses pour l’accueil de l’enfant.

Que pensez-vous du système de bons de garde, actuellement à l’étude dans la ville de Lucerne ?


Je suis très sceptique sur ce système. L’idée des bons de garde semble s’intégrer dans un contexte basé uniquement sur l’initiative privée et est contraire à la politique de service public mise en place en Ville de Genève. Les critères d'attribution de ces bons de garde ne sont pas clairs : selon quels critères seront-ils attribués ? quelle sera la politique de tarification ?
D’autre part, l’attribution des places est gérée de manière centralisée en Ville de Genève. Dans ce contexte, favoriser la concurrence entre les institutions ne nous semble pas pertinent.


L'introduction d'un congé parental permettrait-il de répondre partiellement à la pénurie de places d'accueil?


Un congé parental serait un plus pour la politique familiale en Suisse, mais il faut le dissocier de la problématique des places d'accueil, c’est une véritable alternative. Malheureusement, en cette période de crise, il est difficile d'aborder le sujet. Le coût d'un tel congé semble poser problème aux autorités et à l’économie.


Comment a évolué la prise en charge extrafamiliale des enfants en Ville de Genève ces dernières années?


En 20 ans, le budget de la Ville pour la petite enfance est passé de 7 millions à 80 millions aujourd'hui. Nous estimons à présent satisfaire la demande à 60% alors qu'elle n'était satisfaite qu'à 34% en 1999.


Malgré cet accroissement, il manque toujours un nombre important de places, pour quelles raisons?


Tout d'abord la demande a augmenté. On constate que plus la qualité de l'accueil s'améliore, plus la demande augmente. Des familles qui n'auraient auparavant peut-être pas songé à placer leur enfant dans une structure d'accueil le font actuellement. Enfin, la grande flexibilité d’horaires offerte par les structures d'accueil encourage les parents à y recourir. Par ailleurs, il n'est pas facile de contenter tout le monde, ni de maximiser les places de crèches.

Quelles stratégies sont actuellement développées par la ville de Genève pour répondre à la demande pressante de places d'accueil?


Tout d'abord, nous avons un planning très chargé d'ouverture de crèches jusqu'en 2015.
Ensuite, comme dit précédemment, nous prévoyons dès l'an prochain un soutien et un encadrement des familles d'accueil ou « mamans de jour ».
Enfin, un projet d'assistantes maternelles à domicile- le projet Mary Poppins - a été développé en partenariat avec pro juventute. (voir encadré) Nous avons pour cela bénéficié de l'expérience française (projet Gépetto)
Il existe également des formes de partenariat public-privé avec des entreprises comme Merk Sérono, le CICR ou Procter & Gamble. Nous développons des crèches et ces derniers nous « achètent » des places.
Nous restons toujours prudents quant au développement tous azimuts, car nous voulons garantir une certaine qualité de l'accueil.







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