A l’occasion des trente ans de Défense des Enfants – International, un petit retour en arrière s’impose…

Les débuts : un contexte particulier

1979 a été désignée comme étant l’Année Internationale de l’Enfant par les Nations Unies, permettant ainsi de mettre en lumière la souffrance des enfants à travers le monde et de voir apparaître une masse sans précédent d’informations concernant les violations des droits de l’enfant. La torture, la prostitution, l’exploitation économique, la détention arbitraire ainsi que le trafic et la vente d’enfants sont évoqués et on ne se « limite » ainsi plus seulement à la faim et au manque de soins. C’est durant cette même année que l’on voit se former les prémices d’une Convention à venir, souhaitant aborder et réglementer les différentes violations auxquelles les enfants sont confrontés. Pourtant, malgré cet élan et une prise de conscience évidente, il n’existe à ce moment-là aucune organisation internationale agissant dans le but spécifique de promouvoir et de protéger les droits de l’enfant.
C’est dans ce contexte et dans l’optique de combler ce « vide » que Nigel Cantwell et Joseph Moerman ont fondé Défense des Enfants – International (DEI) le 5 juillet 1979 à Genève, avec pour objectifs principaux la défense, la protection et la promotion des droits de l’enfant en assurant une action internationale continue, systématique et concertée.

Un rôle primordial dans l’élaboration de la Convention relative aux droits de l’enfant

Depuis sa création, l’organisation s’est intéressée au processus d’élaboration et de rédaction de la Convention relative aux droits de l’enfant. C’est en recevant le « statut consultatif » auprès de l’ONU que DEI a pu y participer activement, notamment en mobilisant la communauté des ONG à s’impliquer dans ce mouvement. De par son caractère contraignant, la Convention est considérée comme un instrument vital reconnaissant des normes et des standards applicables dans le monde entier. Avant cela, le travail en faveur des droits de l’enfant était inexistant, et c’est pour cette raison que DEI s’est fortement impliquée dans la rédaction de la Convention. Elle a ainsi joué le rôle important de coordinateur et de porte-parole au sein du groupe des 40 ONG ayant participé à la rédaction de l’ébauche de la Convention établie en 1983. Par ce travail, DEI a réussi à convaincre les Etats d’inclure certains sujets clés et le résultat du groupe ad hoc a apporté des contributions significatives au texte final de la Convention. Cette participation active de DEI – qui s’est occupée entre autres de l’écriture et de la réécriture de chaque article, de la présentation de nouveaux textes aux représentants des gouvernements ou encore des corrections – a finalement abouti à l’adoption à l’unanimité de la Convention relative aux droits de l’enfant par l’Assemblée générale des Nations Unies, le 20 novembre 1989 à New-York.

DEI - International

Dès 1985, DEI a développé un réseau dans le monde entier grâce à la création de sections nationales et l’établissement de partenariats avec des membres associés. Les sections nationales de DEI ont immédiatement entrepris un important travail de lobbying auprès de leur gouvernement afin que ceux-ci ratifient au plus vite la nouvelle Convention.
Le Secrétariat International, situé à Genève, est responsable de développer et de renforcer les liens avec le réseau des sections nationales ainsi qu’avec les individus et les organisations travaillant dans le domaine des droits de l’enfant à travers le monde. Il coordonne les programmes et les activités du réseau grandissant des sections et des membres associés. De ce fait, le travail de DEI consiste principalement en un travail de plaidoyer, de sensibilisation et de documentation, de renforcement des sections et de leur support, ainsi que du contrôle et de la coordination de leurs actions.

Des thèmes clés relatifs aux droits de l’enfant

Au fil des années, DEI a su aborder différents thèmes et a mis en place des programmes relatifs aux problèmes globaux affectant les droits de l’enfant. Parmi eux l’exploitation sexuelle, les enfants en détention avec des adultes, l’adoption internationale et le trafic d’enfants, la justice pour mineurs, le travail des enfants, la participation des jeunes, les enfants soldats, les enfants dans les conflits armés ou encore le droit de l’enfant à l’éducation. L’organisation a également joué un rôle primordial dans la réunification des familles des enfants disparus en Argentine.
En 2003, l’action de DEI a été récompensée par un prix prestigieux décerné par la Fondation hollandaise de la Résistance « Genzenpenning », en reconnaissance de son rôle central dans la protection des droits de l’enfant dans le monde entier.

Continuer sur cette voie…

Depuis trente ans, DEI a su s’imposer comme étant une pionnière et une organisation phare dans le paysage des droits de l’enfant. Il ne reste qu’à lui souhaiter le meilleur pour cette nouvelle étape, ainsi que pour les années futures…
Cependant, on peut aussi rêver d’un monde dans lequel les enfants verraient leurs droits reconnus et respectés par tous et où DEI n’aurait plus de combat à mener… mais ça c’est une autre histoire !