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Défense des enfants international
section suisse
 
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Entretien avec deux anciens enfants travailleurs
Par Cynthia Bapst

  
[ Bulletin DEI, septembre 2009 Vol 15 No 3 p.9 ]




A l’occasion du dixième anniversaire de la Convention sur les pires formes de travail des enfants (Convention 182 de l’Organisation Internationale du Travail - OIT), ayant l’objectif d’éliminer l’exploitation des enfants par le travail, plusieurs anciens enfants travailleurs étaient invités à Genève dans le cadre de la Marche Mondiale afin de témoigner de leur expérience. Nous avons eu l’opportunité de nous entretenir avec deux d’entre eux.



Govind



Peux-tu me parler de toi et de ton enfance ?



Je m’appelle Govind, j’ai 29 ans et je suis né au Népal dans une famille de six enfants. Vers l’âge de 7 ans, mon père est tombé malade ce qui a causé de graves problèmes économiques dans ma famille. A 9 ans, j’ai dû quitter la maison et commencer à travailler loin de chez moi. J’ai fait plusieurs petits boulots et à partir de 14 ans, j’ai travaillé dans des centres téléphoniques.

A partir de quel moment t’es-tu rendu compte que le travail des enfants allait à l’encontre de leurs droits ?



Je considère le mois de mars 1996 comme le début d’une nouvelle vie. En effet, c’est à ce moment-là que j’ai rencontré Kailash Satyarthi(1), qui manifestait contre le travail des enfants. Cet événement a été une grande surprise pour moi car je n’avais jamais entendu parler des droits de l’enfant auparavant et je me suis vraiment senti concerné. Selon moi, Kailash m’a sauvé la vie. Il m’a touché par ses mots et m’a aidé à retrouver l’espoir de continuer mes études et de revoir ma famille que je n’avais pas revue depuis deux ans et demi. Après être rentré dans mon village grâce à son aide et avoir tout raconté à ma mère, je voulais absolument le rejoindre à Delhi. Il a d’ailleurs été très étonné de me voir arriver vivant après tout le chemin parcouru ! C’est à ce moment-là que j’ai décidé de devenir un travailleur social afin de pouvoir aider d’autres enfants travailleurs et lutter contre le travail des enfants.

Que fais-tu aujourd’hui ?



Je travaille pour l’organisation Bal Ashram(2) qui signifie « maison de la liberté » et qui entreprend un travail actif de réhabilitation des enfants. Une des activités principales est de sauver les enfants sous forme de raid, c’est-à-dire que nous allons directement les chercher dans la rue. C’est la seule organisation qui agit ainsi car c’est très dangereux. Ces deux dernières années, environ 500 enfants ont été sauvés, et 80000 depuis le début. Actuellement, en Inde, nous en sommes au stade final de considérer l’éducation comme étant un droit fondamental. J’espère d’ailleurs que ce sera chose faite lorsque cet article sera publié !

Tu as participé à la Marche Mondiale en 1998 et tu es encore là cette année. Peux-tu m’en dire quelques mots ?



En 1998, j’étais le premier représentant des enfants indiens. J’étais présent lors de l’inauguration aux Philippines et j’ai marché dans plusieurs pays, jusqu’à la cérémonie de clôture à Genève. J’ai également été un porte-parole au Bureau International du Travail. Je ne suis pas heureux d’être là dix ans après, pour la même cause. Combien d’enfants sont encore tués et perdent leur enfance ? Pour moi, le plus important n’est pas le nombre d’enfants sauvés, mais le nombre d’enfants qui subissent encore de telles situations. Je pense que les personnes qui ont le pouvoir de changer les choses ne le font pas. Les changements et les nouvelles lois ne sont pas suffisants. Pourquoi dépenser autant d’argent pour les armes ? Ca ne sauve pas des vies ! Si on veut stopper le travail des enfants et la pauvreté, car la pauvreté ne cause pas le travail des enfants mais c’est le manque d’éducation qui le cause, il faut plus d’argent pour l’éducation car là est le cœur du problème. L’argent dépensé pour le contrôle de la population serait plus bénéfique s’il était transféré à l’éducation. D’ailleurs, la moitié de l’argent militaire pourrait payer tous les professeurs, et 10% suffirait pour les structures scolaires.


Manan



Peux-tu me parler de toi et de ton enfance ?



Je m’appelle Manan, j’ai 12 ans et je suis Indien. J’ai dû commencer très tôt à travailler dans les mines de mica(3) avec ma famille, ce qui m’a forcé à arrêter l’école. Il y a deux ans, un activiste de l’organisation pour laquelle Govind travaille et qui était contre le travail des enfants m’a emmené à Bal Ashram. C’est là que j’ai pu reprendre l’école et des activités.

Qu’est-ce que les droits de l’enfant pour toi et quand en as-tu entendu parler pour la première fois ?



J’en ai entendu parler pour la première fois à l’école. Pour moi, les droits de l’enfant sont la nourriture, l’éducation, s’amuser et l’amour.

Que penses-tu des droits de l’enfant dans ton pays ?



Je pense que dans mon pays, les droits ne sont pas respectés car il n’y a pas assez à manger, pas le temps pour jouer et donc pas d’amour.

Quels sont tes projets pour l’avenir ?



J’aimerais devenir médecin pour soigner les gens pauvres qui n’ont pas assez d’argent et pouvoir les aider.


Pour plus d’informations sur les événements de la Marche Mondiale : www.globalmarch.ch


(1)Kailash Satyarthi est actif dans la lutte contre le travail des enfants en Inde depuis 1980. Il est à l’origine du lancement de la Marche Mondiale contre le travail des enfants qui a débuté en 1998.
(2)www.bba.org.in
(3)Minéral, constituant du granite, caractérisé par une structure feuilletée.









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