"Entre parents":un nouveau programme qui permet aux parents de partager leurs expériences
Par Anne-Pictet

[ Bulletin DEI, juin 2011 Vol 17 No 1-2 p.I6 ]

Professeur Dumas, expliquez-nous ce qu’est le programme « Entre-Parents »?

Il s’agit de l’équivalent en Suisse du programme PACE, soit l’acronyme américain pour « PArenting our Children to Excellence ». Son but est d’aider les parents d’enfant de 3 à 6 ans à partager leurs vécus afin de mieux exploiter leurs compétences. Notre démarche est psychoéducative et psychosociale : nous encourageons les parents à parler avec d’autres parents des joies et des difficultés que l’on rencontre inévitablement lorsque l’on élève un petit enfant. Nous leur donnons également la possibilité de discuter avec des professionnels de la petite enfance, car même le meilleur des parents se pose des questions et rencontre des difficultés dans l’éducation de son enfant. Je souligne que le but de ce programme n’est pas de faire de la prévention de la délinquance, ni d’agir dans une démarche sociale ou politique, sur les droits de l’enfant en tant que tels. Cela entraînerait une stigmatisation de notre action et surtout des personnes que nous recevons.

A qui s’adresse ce programme?

Il s’adresse à tous les parents, toutes catégories de population confondues. Le seul critère pour participer à un groupe « Entre parents » est d’être parent et responsable d’un enfant âgé de 3 à 6 ans. Tous ceux qui se chargent principalement de l’éducation de l’enfant sont les bienvenus, notamment les grands-parents ou les foyers d’accueil. Notre définition de parent est large.

Faut-il être face à une crise familiale pour participer au programme ?

Absolument pas ! S’il nous arrive en effet de rencontrer des situations difficiles, alors nous les abordons, mais nous ne les ciblons pas.

Qu’est-ce qui a motivé l’élaboration du programme ?

Le point de départ est tout simplement le constat qu’il est difficile d’élever un enfant, même avec les meilleures intentions et dans de bonnes conditions. Nous vivons dans une société où l’adulte doit être performant sur tous les plans, ce qui alimente souvent un niveau élevé de stress. Je pars du principe que les parents qui s’inscrivent à Entre-Parents, étant dans la démarche d’apprendre pour faire le mieux possible dans leur travail d’éducation, sont compétents. Je refuse donc la présomption d’un déficit de compétences éducatives dont s’accompagnent souvent les programmes de soutien aux parents. Il n’y a aucun mal à avoir besoin de soutien, à vouloir parler avec d’autres parents, à reconnaître que l’éducation est parfois une tâche difficile. Plutôt que de partir de l’idée que certains parents seraient incompétents ou que telle catégorie de population serait inapte à une éducation de qualité, notre programme veut contribuer à une tout autre perspective : celle de la joie d’élever un enfant, d’en faire un plaisir, tout en reconnaissant que cela prend toujours beaucoup d’énergie tant affective que physique

Comment se déroule un atelier ?

Les ateliers visent à aider les participants à mieux gérer des situations très courantes de la vie quotidienne d’une famille comprenant un ou plusieurs jeune(s) enfant(s). Nous abordons des thèmes tels que le respect mutuel, l’obéissance, les limites, le besoin de sommeil (donc l’organisation et le rituel du coucher) et l’éveil des premiers apprentissages (lecture, écriture, dessin). Cela touche donc ce qui fait tant les joies que les défis de l’éducation de tous les jours. Nos animatrices donnent parfois des conseils, mais ce qui importe le plus c’est que les parents eux-mêmes s’écoutent, se soutiennent et échangent des stratégies. L’idée d’un groupe de soutien structuré autour de débats sur un thème ou un autre, est qu’en partageant des expériences de vie importantes, on apprend les uns des autres. Nos ateliers ne sont donc pas seulement des réunions où l’on bavarde à bâtons rompus.

Quelles sont les compétences de ces animatrices ?

Nos animatrices apportent tant leur personnalité que leur grande expérience professionnelle à chaque groupe. Si cette expérience est diverse, toutes ont un intérêt et surtout de la pratique dans l’animation de groupe et le travail avec les familles et plus particulièrement les parents.

Comment a évolué le programme depuis son lancement ?

Une étude pilote du programme a débuté l’automne dernier et se terminera en été 2011. Il nous faudra donc attendre encore un peu avant de pouvoir répondre à cette question. L’évaluation du programme dépend de données que nous récoltons auprès des participants avant les 8 ateliers, après ces ateliers, et finalement trois mois plus tard. J’espère que, comme aux Etats-Unis où le programme a été implanté et évalué en anglais puis en espagnol, nous constaterons non seulement que le programme est bien accueilli en Suisse romande, mais aussi qu’il contribue de manière importante à la qualité de vie de famille des parents qui y participent. J’insiste beaucoup sur cette évaluation, qui fait à mon sens défaut à bien des programmes semblables qui partent de bonnes intentions, mais dont l’efficacité n’est jamais vérifiée.


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Nous leur donnons également la possibilité de discuter avec des professionnels de la petite enfance, car même le meilleur des parents se pose des questions et rencontre des difficultés dans l’éducation de son enfant. Je souligne que le but de ce programme n’est pas de faire de la prévention de la délinquance, ni d’agir dans une démarche sociale ou politique, sur les droits de l’enfant en tant que tels. Cela entraînerait une stigmatisation de notre action et surtout des personnes que nous recevons. A qui s’adresse ce programme? Il s’adresse à tous les parents, toutes catégories de population confondues. Le seul critère pour participer à un groupe « Entre parents » est d’être parent et responsable d’un enfant âgé de 3 à 6 ans. Tous ceux qui se chargent principalement de l’éducation de l’enfant sont les bienvenus, notamment les grands-parents ou les foyers d’accueil. Notre définition de parent est large. Faut-il être face à une crise familiale pour participer au programme ? Absolument pas ! S’il nous arrive en effet de rencontrer des situations difficiles, alors nous les abordons, mais nous ne les ciblons pas. Qu’est-ce qui a motivé l’élaboration du programme ? Le point de départ est tout simplement le constat qu’il est difficile d’élever un enfant, même avec les meilleures intentions et dans de bonnes conditions. Nous vivons dans une société où l’adulte doit être performant sur tous les plans, ce qui alimente souvent un niveau élevé de stress. Je pars du principe que les parents qui s’inscrivent à Entre-Parents, étant dans la démarche d’apprendre pour faire le mieux possible dans leur travail d’éducation, sont compétents. Je refuse donc la présomption d’un déficit de compétences éducatives dont s’accompagnent souvent les programmes de soutien aux parents. Il n’y a aucun mal à avoir besoin de soutien, à vouloir parler avec d’autres parents, à reconnaître que l’éducation est parfois une tâche difficile. Plutôt que de partir de l’idée que certains parents seraient incompétents ou que telle catégorie de population serait inapte à une éducation de qualité, notre programme veut contribuer à une tout autre perspective : celle de la joie d’élever un enfant, d’en faire un plaisir, tout en reconnaissant que cela prend toujours beaucoup d’énergie tant affective que physique Comment se déroule un atelier ? Les ateliers visent à aider les participants à mieux gérer des situations très courantes de la vie quotidienne d’une famille comprenant un ou plusieurs jeune(s) enfant(s). Nous abordons des thèmes tels que le respect mutuel, l’obéissance, les limites, le besoin de sommeil (donc l’organisation et le rituel du coucher) et l’éveil des premiers apprentissages (lecture, écriture, dessin). Cela touche donc ce qui fait tant les joies que les défis de l’éducation de tous les jours. Nos animatrices donnent parfois des conseils, mais ce qui importe le plus c’est que les parents eux-mêmes s’écoutent, se soutiennent et échangent des stratégies. L’idée d’un groupe de soutien structuré autour de débats sur un thème ou un autre, est qu’en partageant des expériences de vie importantes, on apprend les uns des autres. Nos ateliers ne sont donc pas seulement des réunions où l’on bavarde à bâtons rompus. Quelles sont les compétences de ces animatrices ? Nos animatrices apportent tant leur personnalité que leur grande expérience professionnelle à chaque groupe. Si cette expérience est diverse, toutes ont un intérêt et surtout de la pratique dans l’animation de groupe et le travail avec les familles et plus particulièrement les parents. Comment a évolué le programme depuis son lancement ? Une étude pilote du programme a débuté l’automne dernier et se terminera en été 2011. Il nous faudra donc attendre encore un peu avant de pouvoir répondre à cette question. L’évaluation du programme dépend de données que nous récoltons auprès des participants avant les 8 ateliers, après ces ateliers, et finalement trois mois plus tard. J’espère que, comme aux Etats-Unis où le programme a été implanté et évalué en anglais puis en espagnol, nous constaterons non seulement que le programme est bien accueilli en Suisse romande, mais aussi qu’il contribue de manière importante à la qualité de vie de famille des parents qui y participent. J’insiste beaucoup sur cette évaluation, qui fait à mon sens défaut à bien des programmes semblables qui partent de bonnes intentions, mais dont l’efficacité n’est jamais vérifiée.