Le bullying, un comportement agressif aux conséquences sous-estimées
Par le Dr Sonia Lucia, collaboratrice scientifique à l’Unité de psychologie clinique développementale de l’Université de Genève

[ Bulletin DEI, décembre 2010 Vol 16 No 4 p.11 ]

Le terme « bullying » est parfois traduit en français par « harcèlement scolaire » , « violence à l’école », « intimidation » ou encore « brimades ». Ce type de comportement doit être considéré avec sérieux vu les conséquences graves qu’il peut avoir sur les victimes : échec scolaire, dépression, troubles alimentaires, ou idées suicidaires.

Le bulling est un type de comportement agressif qu’un élève (ou plusieurs) fait subir à un autre élève, et qui se manifeste par des agressions verbales, physiques et/ou psychologiques. Les caractéristiques du bullying sont la répétition d’actions négatives sur le long terme et une relation de pouvoir asymétrique (Olweus, 1999). Ces actions négatives incluent des comportements tels que frapper, menacer, enfermer quelqu’un dans une pièce, véhiculer des rumeurs, se moquer d’une personne ou l’exclure du groupe.

Une étude menée en Suisse auprès de jeunes entre 13 et 16 ans a montré l’étendue inquiétante de ce phénomène. En effet, 17,6% de ces jeunes ont admis avoir parfois eu un tel comportement au cours des 12 derniers mois et 21%,7 disent en avoir été victimes. Si l’on s’intéresse aux cas graves (auteurs ou victimes d’actes de bullying très fréquents), le taux d’agresseurs est de 3,7% et respectivement de 4.4% pour les victimes (Lucia, 2009).

Qui sont ces jeunes ?

Les résultats obtenus dans le cadre de cette étude montrent que les jeunes ayant un bas niveau d’autocontrôle et une attitude positive envers la violence sont plus susceptible de commettre des actes de bullying. De même, plus le jeune est supervisé et encadré par des adultes, plus les autorités (école, voisinage) jouent leur rôle de contrôle social en faisant respecter les règles et en intervenant de manière impartiale, et moins le jeune risque de commettre des actes de bullying. De plus, il ressort que l’absentéisme scolaire constitue un bon indicateur permettant de déceler ces jeunes.

Que faire ?

La makorité des enfants ne rapportent pas aux adultes ce qui leur arrive. En effet, souvent les adultes (parents, enseignants,police) pensent que ces situations devraient être réglées par les jeunes eux-mêmes et ne se rendent pas compte de l’ampleur du problème. Ceci n’est pas étonnant étant donné qu’il s’agit d’un comportement pervers et sournois auquel les adultes ne sont pas sensibilisés. Cependant, une fois le phénomène connu, il est possible d’agir. En effet, une étude relate l’efficacité des programmes « anti-bullying » en milieu scolaire, qui ont réduit le bullying d’environ 20% par rapport aux écoles dans lesquelles ces programmes n’ont pas été appliqués. Les composantes des programmes ayant une influence prépondérante sur la diminution du bullying sont le soutien et l’information aux parents, l’augmentation et l’amélioration de la supervision dans le préau ainsi que l’imposition de règles.

Une nouvelle forme de bullying

A l’heure actuelle, les jeunes ne sont plus uniquement confrontés au bullying « traditionnel » mais au cyberbulling », une nouvelle forme de harcèlement qui n’implique plus un face à face auteur-victime mais l’utilisation des nouvelles technologies comme l’Internet ou les téléphones portables. Ce nouveau phénomène constitue un nouveau défi pour la société.

Sources :

- Lucia, S. (2009) Multidimensional approach to bullying. Thèse de doctorat, Université de Lausanne.
- Olweus, D. (1999). Violences entre élèves, harcèlements et brutalités. Paris : ESF.


Afficher un article Les sources des articles disponibles dans la recherche sont l'historique des bulletins DEI, la Convention des droits de l'enfant ainsi que certaines publication de DEI. Le bullying, un comportement agressif aux conséquences sous-estimées Par le Dr Sonia Lucia, collaboratrice scientifique à l’Unité de psychologie clinique développementale de l’Université de Genève [ Bulletin DEI, décembre 2010 Vol 16 No 4 p.11 ] Le terme « bullying » est parfois traduit en français par « harcèlement scolaire » , « violence à l’école », « intimidation » ou encore « brimades ». Ce type de comportement doit être considéré avec sérieux vu les conséquences graves qu’il peut avoir sur les victimes : échec scolaire, dépression, troubles alimentaires, ou idées suicidaires. Le bulling est un type de comportement agressif qu’un élève (ou plusieurs) fait subir à un autre élève, et qui se manifeste par des agressions verbales, physiques et/ou psychologiques. Les caractéristiques du bullying sont la répétition d’actions négatives sur le long terme et une relation de pouvoir asymétrique (Olweus, 1999). Ces actions négatives incluent des comportements tels que frapper, menacer, enfermer quelqu’un dans une pièce, véhiculer des rumeurs, se moquer d’une personne ou l’exclure du groupe. Une étude menée en Suisse auprès de jeunes entre 13 et 16 ans a montré l’étendue inquiétante de ce phénomène. En effet, 17,6% de ces jeunes ont admis avoir parfois eu un tel comportement au cours des 12 derniers mois et 21%,7 disent en avoir été victimes. Si l’on s’intéresse aux cas graves (auteurs ou victimes d’actes de bullying très fréquents), le taux d’agresseurs est de 3,7% et respectivement de 4.4% pour les victimes (Lucia, 2009). Qui sont ces jeunes ? Les résultats obtenus dans le cadre de cette étude montrent que les jeunes ayant un bas niveau d’autocontrôle et une attitude positive envers la violence sont plus susceptible de commettre des actes de bullying. De même, plus le jeune est supervisé et encadré par des adultes, plus les autorités (école, voisinage) jouent leur rôle de contrôle social en faisant respecter les règles et en intervenant de manière impartiale, et moins le jeune risque de commettre des actes de bullying. De plus, il ressort que l’absentéisme scolaire constitue un bon indicateur permettant de déceler ces jeunes. Que faire ? La makorité des enfants ne rapportent pas aux adultes ce qui leur arrive. En effet, souvent les adultes (parents, enseignants,police) pensent que ces situations devraient être réglées par les jeunes eux-mêmes et ne se rendent pas compte de l’ampleur du problème. Ceci n’est pas étonnant étant donné qu’il s’agit d’un comportement pervers et sournois auquel les adultes ne sont pas sensibilisés. Cependant, une fois le phénomène connu, il est possible d’agir. En effet, une étude relate l’efficacité des programmes « anti-bullying » en milieu scolaire, qui ont réduit le bullying d’environ 20% par rapport aux écoles dans lesquelles ces programmes n’ont pas été appliqués. Les composantes des programmes ayant une influence prépondérante sur la diminution du bullying sont le soutien et l’information aux parents, l’augmentation et l’amélioration de la supervision dans le préau ainsi que l’imposition de règles. Une nouvelle forme de bullying A l’heure actuelle, les jeunes ne sont plus uniquement confrontés au bullying « traditionnel » mais au cyberbulling », une nouvelle forme de harcèlement qui n’implique plus un face à face auteur-victime mais l’utilisation des nouvelles technologies comme l’Internet ou les téléphones portables. Ce nouveau phénomène constitue un nouveau défi pour la société. Sources : - Lucia, S. (2009) Multidimensional approach to bullying. Thèse de doctorat, Université de Lausanne. - Olweus, D. (1999). Violences entre élèves, harcèlements et brutalités. Paris : ESF.