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La magie des histoires et la métaphore des contes, un espoir pour les enfants victimes d’abus sexuel [ Bulletin DEI, mars 2006 Vol 12 No 1 p. I-II ] Josiane George, Carlos León, Elisabeth Ripoll CTAS Association. Centre de consultation pour les victimes d’abus sexuels La prise en charge des enfants ayant subi des abus sexuels pose la question de l’expression des émotions souvent difficiles à exprimer. Ce qui est de l’ordre de l’impensable et de l’innommable pour l’enfant est cependant fortement ressenti et inscrit dans son corps et son existence. Continuer sa croissance après un tel événement traumatique, intégrer l’expérience, la doter d’un sens sont des tâches dépassant un psychisme dont les constituants essentiels sont encore en plein développement. Il est donc important de travailler avec des outils réparateurs adaptés au niveau de l’enfant. Une approche thérapeutique axée sur le conte et la force de la pensée métaphorique permet la mobilisation de ressources favorables à la libération d’un univers chargé de rage, de honte, de peine, de peur et de culpabilité. Ce cadre est approprié pour réactiver l’imaginaire de l’enfant et l’aider à réparer ses blessures. Le contexte Il est un droit fondamental pour tout enfant et adolescent d’être protégé contre toute forme de mauvais traitement, d’exploitation et de violence sexuelle. Difficile à admettre que des enfants puissent subir des abus sexuels de la part de personnes adultes. Les enquêtes dans les différents pays européens témoignent pourtant de la gravité du problème . Il ne s’agit pas nécessairement de statistiques des agressions sexuelles diverses qui sont en lien avec de la criminalité liée à des réseaux de pornographie ou de prostitution, mais des actes qui s’exercent (au sein même de la situation familiale .) dans l’entourage proche et connu de l’enfant. Quelles sont les conséquences pour un adulte d’avoir été abusé sexuellement durant son enfance ? Quels effets psychologiques peut avoir sur un enfant l’utilisation de sa tendresse, de sa confiance, de son amour au service de la satisfaction sexuelle d’un adulte sensé le protéger ? Comment réparer des blessures qui ne se voient pas ? Conséquences sur les victimes L’abus sexuel ne doit pas seulement être évalué en fonction des actes posés. La perception de la victime, son ressenti durant l’agression ainsi que les conséquences psychosomatiques à court, moyen et long terme vont en déterminer la gravité. L’abus sexuel est vécu par la victime comme une effraction psycho-corporelle. Il s’agit d’une transgression honteuse qui souille et enferme dans un sentiment de culpabilité qui peut avoir des conséquences graves et destructrices sur le développement de l’enfant, sur son intégration sociale et son envie de vivre. Même si chaque enfant réagit différemment, l’expression verbale de l’abus reste difficile. Presque la moitié des enfants victimes d’abus sexuel sont asymptomatiques. Ils ne manifestent pas pas de signes évidents ou alors ils sont trop masqués et souvent difficiles à comprendre. Toutefois, il est important d’être attentif aux changements de comportement comme la perte de confiance, les troubles psychosomatiques, l’insomnie, les troubles du comportement, le fait de se négliger. L’enfant peut se replier sur lui-même, apparaître comme absent, perdu. Il peut aussi arriver qu’il mette en scène la situation dramatique ou l’exprime à travers le dessin. Sous l’emprise de l’adulte, la victime peut devenir confuse, soumise à des messages contradictoires. Elle est alors dans l’impossibilité de comprendre, d’anticiper les agissements de l’abuseur et de se protéger. Enfermé dans l’emprise, l’enfant peut aller jusqu’à protéger l’auteur, l’absoudre de tout crime et même penser qu’il était consentant ou l’instigateur de ce contact sexuel. Le monde autrement Il est possible de guérir de l’abus sexuel et de revivre. . Les victimes ont besoin d’être écoutées, soutenues, aidées dans leurs efforts multiples afin d’intégrer cette expérience traumatique. Plus on intervient tôt, mieux on peut les soutenir et les aider dans la reconstitution de leur vie. Pour la jeune victime, le conte constitue un important outil thérapeutique qui permet d’élaborer son vécu traumatique. Le passage par l’imaginaire favorise l’évocation indirecte du trauma, la construction d’alternatives et de solutions réparatrices. Par la métaphore, l’enfant peut ainsi rejoindre son inconscient et amorcer un processus personnel de guérison. Le groupe de thérapie devient un espace expérimental de reconstruction de l’enfant dans ses relations avec son entourage et avec lui-même. Les ateliers de conte Au CTAS Association, les ateliers sont proposés aux enfants, filles et garçons, âgés de 4 à 12 ans. Les groupes sont ouverts afin de permettre d’intégrer rapidement un nouveaux/velle venu/e. Réunis une fois par semaine autour de la création des contes, les enfants trouvent dans le conte un moyen d’expression pour dire l’impensable. Généralement le groupe débute par la lecture d’un conte neutre qui ne présente pas une trop grande charge émotionnelle. Ensuite, les enfants vont inventer un conte dont l’élaboration peut durer plusieurs séances. Le conte permet de remettre de la cohérence dans le monde de l’enfant. Le thérapeute reste attentif aux diverses étapes du conte afin de faire ressortir dans le détail les marqueurs procéduraux et spatio-temporels : quand, comment, où. Les aspects cognitifs et émotionnels ressentis par les personnages seront aussi élaborés. Ensemble, lors de chaque rencontre, les enfants créent des contes qui vont servir d’ancrage thérapeutique et leur permettre d’apprendre à se sentir plus forts et à mettre à distance les affects douloureux. A travers la métaphore émergent la colère, la peur, la honte Nous retrouvons souvent dans la trame des contes créés par les enfants, l’histoire d’un personnage en situation de détresse, dont les appels au secours ne sont pas entendus. Finalement des ressources et de l’aide sont trouvées et le méchant est puni. L’histoire finit toujours bien pour le héros du conte. Les enfants vont ensuite dessiner, peindre ou modeler une partie du conte qui leur a particulièrement plu. Ainsi l’enfant s’approprie ce dont il a besoin dans l’ensemble des messages métaphoriques délivrés par le conte. La rencontre se clôture par le partage d’un goûter, rituel qui détermine le moment de quitter la problématique et qui marque le retour dans l’ici et maintenant. La prise en charge se déroule en moyenne sur une année, ponctuée par des évaluations et des entretiens avec les parents. Conclusion Ce travail joue un rôle déterminant chez l’enfant, dans la diminution des symptômes, sur la reconstruction de la confiance et de l’estime de soi. Il permet de surcroît un travail thérapeutique sans propos suggestifs, préservant ainsi le témoignage de l’enfant. La magie des contes, pour rendre de l’espoir aux enfants victimes d’abus sexuels c’est leur permettre de se reconnaître dans l’histoire, puis dans le héros pour qu’ils puissent se percevoir ainsi dans l’avenir. Personne de contact : Josiane GEORGE CTAS Association 53 Rue du Stand 1204 Genève Tél. 022 800 08 50 Mail. ctas@bluewin.ch www.ctas.ch |
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